Damien Marie vient de publier avec Laurent Bonneau « Ceux qui me restent » chez Grand Angle. Oncle Fumetti a comme à son habitude souhaité en savoir plus. Damien Marie a accepté de répondre à ses questions.
Bonjour Damien Marie. Vous êtes maintenant connu des aficionados de la BD mais pour le grand public pas suffisamment. Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même présentez vous ? Qui êtes-vous ? D'où venez-vous ?
Donc… Je suis scénariste BD, édité depuis 2003 ; j’ai aujourd’hui collaboré à 36 albums dans des registres assez variés en tant que scénariste et une dizaine en tant que coloriste sous, parfois, le pseudo « Dameex ». La BD n’est pas pour moi une vocation mais une passion que je vis au gré de mes envies, des opportunités de collaboration et du temps que j’arrive à y consacrer. A côté de ça, je suis directeur communication pour un groupe national de restauration, activité qui me passionne aussi.
Comment êtes vous devenu scénariste de Bandes Dessinées ?
J’ai d’abord été – et suis toujours – lecteur compulsif de BD ; j’en dévore quotidiennement. Je ne suis pas devenu scénariste par hasard ; ça, ça n’existe pas. J’ai voulu écrire, me suis planté pendant longtemps jusqu’à ce que les éditions Soleil croient dans le projet « Règlement de Contes » qui a été bien reçu par le public « d’aficionados » et par les critiques. Une fois, le pied à l’étrier, je me suis appliqué à être professionnel : continuer à proposer de bons sujets, travailler tant que peu la qualité de mes aventures en leur influant du sens et respecter mes délais.
Quelles sont vos thématiques favorites ? Et pourquoi celles-ci ?
Je n’ai pas de thématiques favorites si on regarde ma biblio : j’ai fait du western, de la SF, du polar contemporain, de l’historique, du roman graphique, de l’humour, du ludo-éducatif… Je crois qu’il sera difficile de me ranger dans une case. Il y a une récurrence tout de même pour des récits durs et sans complaisance parce que j’aime travailler l’âme humaine, comprendre les mécanismes ethnologiques ; ce qui rend couard, amoureux, pervers ou empathique.
Vous avez déjà eu des partenaires chevronnés à vos côtés ; Malnati, Espinosa, Galandon ou Karl T par exemple. Comment se sont faites ces rencontres et ces collaborations ?
Des partenaires chevronnés, je n’ai pas cette impression, plutôt des collaborations de ma génération, j’ai commencé en même temps que Karl T. ou Laurent Galandon. On s’est rencontré comme tout le monde, en se choisissant par affinités culturelles, tout comme Damien Vanders et les autres. Certaines collaborations sont des propositions d’Hervé Richez mon directeur de collection GRAND ANGLE comme Loïc, Michel ou Sébastien Goethals.
Cette fois-ci vous voici avec Laurent Bonneau aux dessins pour cet album Ceux qui me restent chez Grand Angle. Parlez nous de ce projet qui est maintenant paru.
L’ambition première était de raconter la maladie d’Alzheimer d’une façon différente : d’un point de vue « embarqué ». Je n’ai pas cherché à délivrer un traité didactique sur cette maladie dont je n’appréhende que les symptômes. C’est l’idée d’une « aventure intérieure » qui m’a motivé à creuser ce sujet. Et mes recherches m’ont emmené bien plus loin ; l’histoire que nous rendons aujourd’hui traite de sujets plus vastes : le regret, la séparation et l’impossibilité de faire marche arrière ; Les échappatoires et les batailles pour retrouver les liens sociaux. La maladie devient ici la métaphore terriblement réelle de ces maux.
Pourquoi ce sujet ? La maladie d'Alzheimer est un sujet grave c'est compatible avec le 9ème art ?
Il n’y a pas de sujet incompatible avec le 9ème art. Il y a peut-être des sujets qui intéressent moins le Grand Public, ça n’en fait pas pour autant de mauvais sujet. Le sujet de la maladie n’est évidemment pas un sujet de divertissement mais si la BD est un art, elle a d’autres arcs que l’humour pour prétendre à ce titre.
Comment s'est faite la collaboration avec Laurent Bonneau ? Est-ce particulier de travailler avec lui ?
Je voulais partager cette expérience le plus ouvertement possible et la collaboration avec Laurent a été d’une richesse que je n’osais pas espérer. Ses codes narratifs, sa capacité à effacer graphiquement ce que la mémoire ne retient plus, la pertinence du découpage, long, lent qui ne lâche jamais l’émotion ni la concentration du lecteur rend l’histoire terriblement vraie, implacablement humaine.
Vous avez beaucoup travaillé avec Vents d'Ouest et Grand Angle. Y-a-t-il des raisons particulières ? Choix éditoriaux ou hasards des projets ?
J’ai travaillé chez Soleil, VdO, Des ronds dans l’O, Dupuis et Bamboo - Grand Angle. Je suis aujourd’hui fidèle à Grand Angle parce qu’Olivier Sulpice et Hervé Richez m’ont accompagné avec un vrai professionnalisme, une sincère conviction et je leur dois beaucoup. Mon choix éditorial n’est pas du hasard, ce sont des rencontres « prospectées » et l’évidence de la maison d’édition la plus humaine et la plus professionnelle se dessine au fur à mesure des collaborations.
Quels sont vos maîtres dans votre métier si particulier de scénariste ? Avec quels dessinateurs rêveriez-vous de travailler ?
Des maitres, je préfère ne pas en avoir, je tiens à construire ma propre pensée. Des scénaristes dont j’admire le travail, il y en a beaucoup : Ducoudray, Nury, Zidrou, Dorrisson, Miller, Chauvel, Tamburini, Larcenet, Peeters et j’en oublie des dizaines. Si je devais choisir un dessinateur, ce serait Mr BARU sans hésitation.
Parlez nous de vos futurs projets
Et bien, je n’en ai pas en BD pour le moment, j’ai une écriture en cours mais qui prend son temps. J’ai, par ailleurs, un projet que j’ai scénarisé pour la conception d’un Stop-motion en figurine Playmobil que je vous invite à découvrir ici : https://www.youtube.com/watch?v=k8GZz5WCUAk
Nous aspirons à trouver les fonds et les accords pour continuer cette aventure… Et, personnellement, mon vrai grand futur projet est d’être un bon papa d’ici 1 mois… Et ça, c’est du projet !!
C'est en effet un merveilleux projet. Merci pour vos réponses.