Aujourd'hui, Oncle Fumetti a souhaité donner la parole à une maison d'édition qui ne fait pas partie du club des "Big Four" du monde de la BD. Marie Moinard dirige "Des Ronds dans l'O" une société de ce secteur qui est très active. Son expérience est riche de qualités et de succès. Son avis est toujours prisé dans cette activité qui nous passionne.
Bonjour Marie, qu'est ce qui aura marqué votre maison d'édition en 2012 ? 2012 aura-t-elle été un grand cru ?
Plusieurs choses ont marqué Des ronds dans l’O. Le développement du secteur jeunesse tant au niveau albums que bande dessinée. Nous avons lancé une nouvelle série de bande dessinée muette pour les plus petits avec Loïc Dauvillier au scénario : Monsieur Lapin ; Nous avons reçu le prix Tournesol à Angoulême 2012 pour Tchernobyl la zone de Natacha Bustos et Francisco Sanchez, deux auteurs espagnols ; la publication de Moi Jeanne d’Arc de la scénariste Valérie Mangin (Alix Senator – Casterman) avec Jeanne Puchol au dessin ; la traduction d’un titre brésilien de André Diniz, multi-primé au Brésil : Photo de la favela, biographie de Mauricio Hora, immense photographe humaniste, tout à fait exceptionnel avec un lancement de ce titre en présence des auteurs venus du Brésil avec la participation de la fondation JR et la traduction de trois de nos titres en Suède.
Comment la crise impacte-t-elle un éditeur comme « Des ronds dans l'O » ?
La crise est surtout menaçante au niveau des retours plus importants cette dernière année et naturellement, en fonction de ces retours, la problématique de la trésorerie à gérer au jour le jour.
Quelles ont été les sorties marquantes de 2012 ?
Les titres dont j’ai parlé à la première question mais aussi la fin de la série KZ Dora, titre très important notamment au niveau du devoir de mémoire sur la résistance déportée et sur le camp de concentration de Dora. Cela dit, je ne peux pas distinguer les titres entre eux, nous en publions peu, ça sous-entend qu’ils sont tous marquants.
Comment vous différenciez-vous des grands de l'édition ? Par l'offre ? Par la qualité des livres ?
Par la ligne éditoriale avec le développement des titres humanistes comme Droit d’asile de Etienne Gendrin et plus particulièrement des titres féministes ou mettant des personnages féminins forts et revendiquant leurs droits. Je pense par exemple à La vallée des papillons d’Arnaud Floc’h, Moi Jeanne d’Arc, En chemin elle rencontre… et plusieurs autres.
Que préférez-vous mettre en avant ? Les scénarios, les dessins ? Les deux ?
J’ai un goût prononcé pour les histoires mais je mets le dessin et le scénario en avant sans vraie distinction. Les choix sont larges et éclectiques. Tant que le récit est solide, le style de dessin n’est pas le critère prépondérant mais il faut qu’il fonctionne.
Vous publiez des rééditions ? Je pense à Ivan Zourine. Est-ce difficile de reprendre des droits sur une œuvre ? Est-ce un choix économique ou éditoriale ?
Non, reprendre les droits sur une œuvre du patrimoine est, en général, assez simple car les œuvres ne sont plus publiées et les séries souvent abandonnées. Il faut juste convaincre les auteurs ou les ayants droit. C’est plus souvent un choix éditorial, de passionné, qu’économique dans la mesure où les ventes sont relativement faibles mais le plaisir est immense.
Comment trouvez-vous votre lectorat ? Et comment l'intéressez-vous à votre liste éditoriale ?
Les lecteurs nous trouvent dans toutes les librairies. Parfois dans les salons, souvent sur les réseaux sociaux, grâce aux articles de presse et aux blogs. Notre catalogue est une proposition, les lecteurs choisissent en fonction de leurs centres d’intérêts. Nous avons deux pôles principaux, la bande dessinée et l’album jeunesse. Album que nous allons développer pour l’adulte.
Quels sont les coûts qui impactent le plus une maison d'édition comme la vôtre ?
La marge du diffuseur/distributeur incluant la marge des librairies, avec les retours, les frais sur les retours et le coût du stock.