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20 avril 2021 2 20 /04 /avril /2021 06:55

Le synopsis de Glénat :

« À bout de forces, un groupe composé de soldats et de civils russes s’éloigne péniblement du front. La première guerre mondiale s'étire et si cet ignoble conflit meurtrit les corps, il épuise aussi les esprits les plus sains. Pour soulager le moral des troupes, le soldat Zvoga, ancien capitaine de son état, préconise une halte dans un manoir isolé près duquel ils passent. Ce n'est pas du goût de son lieutenant, mais ce sera l’occasion pour le « Doc. » de soigner les blessés et d’offrir à ses filles qui l'accompagnent, Natalia et Irina, un peu de repos. La Baronne qui vit dans ses lieux avec les siens les accueille malgré elle, mais leur dissimule un secret. En effet, vit caché dans les murs de sa propriété un groupe d'enfants qu'elle tente de préserver de la guerre et de ses ravages. Une nuit, Natalia les découvre mais ces derniers la prennent tout de suite en amitié grâce aux histoires merveilleuses qu’elle leur conte et qui allègent leur souffrance et les tourments de la guerre. Mais la barbarie n’est jamais loin; une mutinerie se prépare au sein du groupe de soldats et des rumeurs inquiétantes circulent... On aurait vu la dernière ombre roder en ces lieux. ».

Glénat prend des risques. Et oui il faut le savoir et ce n’est pas un sarcasme. Ils ont décidé de sortie un dyptique sur deux novices enfin presque. Filippi n’en est plus un ; il a quelques années de scénar derrière lui. Des ateliers d’écriture aussi. Des contes pour enfants. Quand on s’inscrit dans la durée sur ce type de métier c’est que l’on a le feu sacré. Et cela se voit dans l’écriture de cette histoire. La dramaturgie est construite. Le suspense avance patiemment. Gaspard Yvan est un peu moins avancé dans la carrière. Pourtant la qualité est là. Le trait est maîtrisé. Pas d’innovation mais c’est un bon début. Planches maitrisées, colorisation ad-hoc. Un contexte intéressant. Une jolie collaboration. Belle première de couverture. A suivre avec le tome  2. .

Gaspard Yvan est un jeune dessinateur et coloriste qui signe avec La dernière ombre, sa première contribution BD en tant que dessinateur. Devinez où il habite…. A Angoulême bien sûr.

Denis-Pierre Filippi est passionné par la BD très tôt mais il faut attendre 1990 pour qu'il se mette sérieusement à travailler en tant que scénariste. Il débute par le conte pour enfant.  L'idée lui vient alors de demander à des dessinateurs de BD déjà édités, d'illustrer ses contes. Tout en poursuivant ses études de philosophie, il recherche des auteurs de BD. Ainsi, avec Tiburce Oger il édite son premier ouvrage aux éditions Delcourt : Orull le faiseur de nuages. Intermédiaire entre le livre illustré et la bande dessinée, le récit est publié en Mars 1998. Un drôle d’ange gardien paraît ensuite en janvier 1999.  En 2000 Denis-Pierre Filippi met fin à ses études après l'obtention de sa maîtrise de philosophie. Depuis, il a publié Ethan Ringler, agent fédéral, Les Corsaires d’Alcibiade, Nouveau Monde, Le Voyage extraordinaire et Terra Prohibita. En 2018 et en 2020, il participe à la collection des œuvres originales Disney chez Glénat en scénarisant Mickey et l'Océan perdu puis Mickey et la terre des anciens, deux récits illustrés par le talent virtuose de Silvio Camboni. Entre deux pages de découpage, il anime des ateliers d'écriture, dans les bibliothèques ou les établissements de tous ordres, du primaire à l’IUFM. Par ce biais, il réalise enfin ce rêve incroyable, qui est celui d'arriver à concilier l'écriture et le pédagogique au travers d’animations et de rencontres avec les enfants, jeunes et moins jeunes. Réside en Gironde.

 

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17 avril 2021 6 17 /04 /avril /2021 06:55

Le synopsis de Dargaud :

« La Terre fait face à une terrible menace extraterrestre, et la guerre qui fait rage dans l'espace semble perdue. Engagé sur le front, le capitaine John Bowman, navigateur d'exception, est victime d'un incident qui le fait entrer en contact avec une mystérieuse matière noire. Rapatrié et placé en quarantaine, il fait l'objet d'une surveillance constante et se retrouve en proie à des cauchemars récurrents. Épuisé, il décide de s'évader et découvre que l'entité avec laquelle il a été en contact l'a doté d'étranges pouvoirs. Il se pourrait même que ses pouvoir puissent bouleverser le cours de la guerre et... sauver l'humanité ! ».

 

Un comics franco-belge sous format franco-belge. Quelle bonne idée. Un scénario pour commencer qui fleure bon Les 4 fantastics. Un personnage pas si lambda que cela, mais qui se trouve doté de pouvoirs extraordinaires. Quand vous sublimez le commun pour le sortir des normes cela vous ouvre des horizons vers l’impossible et quand vous confiez cette idée à Rodolphe tout de suite vous en avez pour votre argent. Rodolphe que l’on ne présente plus a le génie souvent renouvelé de nous emmener dans des dimensions parallèles. Confiez son récit, sa dramaturgie à un artiste talentueux et vlan nous voici avec entre les mains du bon et même du très bon. Une bonne BD des familles. Bonne lecture.

Rodolphe de son vrai nom, Daniel Jacquette est né en 1948 en région parisienne. Il est écrivain et scénariste de bandes dessinées. Il est professeur de lettres. Son talent lui fait côtoyer les plus grands...Jacques Lob, Jacques Fernandez...Il révèle la quête de l'oiseau du temps de Loisel et Le Tendre. Un très grand scénariste. Un des référents de son époque dans son domaine.

Bertrand Marchal est né à Verviers, en Belgique, au mois de mai 1974. Il entreprend des études artistiques supérieures à l'École de recherche graphique (ERG), à Bruxelles. Il y suit des cours de dessin d'après modèle et de bande dessinée. Son parcours est maintenant long et riche. En 1995, il produit et publie à compte d'auteur "La Reine", un mini-album scénarisé par son frère. En 1998 qu'il se lance dans la BD comme professionnel. Il commence modestement en agrémentant de gags les pages de l'hebdomadaire ‘Spirou‘. En 2000, il publie, avec le scénariste Toldac, le triptyque "Les châtiments de l'an mil" (Glénat, 2000-2003). Puis, de sa rencontre avec Rodolphe naît une fructueuse collaboration : "Frontière" (Le Lombard, quatre tomes entre 2003 et 2007) ; "Le Village" (chez Bamboo, trois albums entre 2008 et 2011) et surtout "Namibia" (Dargaud, cinq albums entre 2010 et 2015). Dans cette dernière saga, qui est la saison 2 de "Kenya", il succède à Leo, celui-ci cosignant toujours le scénario. Une troisième saison, "Amazonie", voit le jour en 2016. En 2013, Bertrand et Rodolphe lancent une nouvelle série, "Memphis" (Glénat), dont le tome 2 parait dès l’année suivante.

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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 09:14

« Je sens que j'ai encore beaucoup de choses à faire, que je dois faire, et que je suis le seul à pouvoir accomplir. Ce qui me préoccupe, c'est mon devoir. Pas les autres. Au risque d'être mal compris, les autres ne m'intéressent pas. » : tirés d’une interview de 2016 parue dans Libération.

Katsuhiro Ōtomo (大友 克洋) est un dessinateur japonais de Manga, scénariste et réalisateur de films d’animation. Il est l’auteur de Akira et de Steamboy. Grand Prix de la ville d’Angoulême en 2015.. Notamment.  C’est son anniversaire aujourd’hui.

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9 avril 2021 5 09 /04 /avril /2021 06:55
Ne reste que l’aube de Thierry Murat chez Futuropolis

Le synopsis du livre :

« Jørgen Nyberg est un peintre célèbre de la deuxième moitié du XXIe siècle. Il a installé sa notoriété grandissante avec des peintures de scènes intimistes aux formats gigantesques. D’une modernité implacable, ses toiles ont la particularité d’être exécutées avec une technique très ancienne de la Renaissance italienne. Ses œuvres font autant parler d’elles sur le Workin’glass, le réseau social dominant, que la volonté de l’artiste de ne jamais apparaître en public. Avant d’être Jørgen Nyberg, il fût l’une des figures marquantes du Cinquecento, Giacomo della Fenice. Malheureusement, il meurt à 46 ans, en 1531, en Toscane, mordu à mort dans une ruelle de Sienne. L’immortalité lui est offerte par son agresseur, un vampire et collectionneur d’art qu’il n’a jamais revu. Cinq siècles plus tard, il vit et travaille dans un immense loft au 153e étage d’une tour de Stockholm où il réside, la lumière de l’aube y étant plus confortable. Un jour, Yris, l’intelligence artificielle qui gère son lien avec le monde extérieur, lui conseille vivement d’accepter un rendez-vous avec Niels, un jeune artiste étudiant fasciné par l’œuvre et la troublante personnalité de Jørgen Nyberg. Une rencontre qui va bouleverser leurs vies. »

Après un tel synopsis qu’écrire… Comment ne pas rallonger la sauce inutilement…Une histoire de vampire survivant dans un loft New Yorkais. C’est déjà fait mais cela peut être refait. Thierry Murat s’y colle cette fois-ci. On pourrait s’attendre à une redite. Déjà c’est une BD. Ann Rice elle est une romancière comme Bram Stoker. Donc on échappe à la lecture classique d’un roman. Le récit est intéressant. L’utilisation de l’intelligence artificielle apporte sa touche de nouveauté. Le graphisme plus encore. C’est très travaillé. Le noir mis à dessein est très bien utilisé. Oncle Fumetti raffole du noir et blanc et il en a pour son… argent. La colorisation est aussi très bien venue. Très présente mais à bon escient. C’est adapté artistiquement et c’est un parti pris esthétique qui met bien en valeur le récit. Très plaisant. A lire absolument.

Thierry Murat est né en 1966 à Périgueux.Après des études d’arts appliqués à Poitiers, il est d’abord graphiste et s’intéresse à l’illustration. En 2002, il fait paraître son premier livre jeunesse, Kontrol 42 (Éditions du Rouergue). D’autres titres viendront. Il se lance dans la bande dessinée. Après plusieurs ouvrages de collaboration, il se lance dans l’adaptation de romans : Les Larmes de l'assassin, librement adapté du roman d'Anne-Laure Bondoux et, en 2014, Le Vieil homme et la mer, d’après le roman d'Ernest Hemingway. Mais c’est avec son premier grand récit en tant qu’auteur complet,  Étunwan qu’il obtient le Prix Première du roman graphique et le Prix Cheverny de la bande dessinée historique à Blois.

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31 mars 2021 3 31 /03 /mars /2021 09:42

« Pour mes premiers pas, mon père m'a donné un crayon, et j'ai eu le sentiment de m'appuyer sur quelque chose… Au bout d'un certain temps, j'ai compris que le dessin, l'art pouvait être une possibilité de m'en sortir. » Plantu. 22/08/2019 sur France Culture.

 

Jean Plantureux, dit Plantu, est un dessinateur de presse, caricaturiste et sculpteur français. Il est né le 23 mars 1951 à Paris. Il est encore pour aujourd’hui encore (pour la dernière fois) le dessinateur du quotidien Le Monde.

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30 mars 2021 2 30 /03 /mars /2021 06:55

Le synopsis de Glénat : 

« Dans un monde voué à mourir, une femme continue de se battre.

La société a implosé. Les années, en passant, ont transformé les villes en cimetières où seul règne le silence. L’horizon n’offre désormais au regard qu’un désert de misère et dans ce contexte, Larkia accouche d’un petit garçon bien décidé à vivre, mais dont les yeux restent clos. Le lendemain de sa naissance, alors qu’elle se remet à peine de l’opération, ils sont tous deux pris en chasse par des miliciens aussi enragés que surarmés. Sans relâche, la mère et l’enfant fuient, car ni repos, ni réponses ne leur sont accordés. Quelque part, dans le passé, se trouve une explication... l’origine de cette course poursuite violente et insensée.»

Une bonne BD dans un contexte post-apocalyptique. Ce n’est pas un genre nouveau.

Après il y a tout le travail des créateurs qui vous proposent un cadre avec une dramaturgie.

Le dessin, le trait, le découpage des planches. La colorisation aussi. Tout ce qui fait l’univers que nous aimons et qui nous amène à faire des choix et d’en prendre une plutôt qu’une autre dans les bacs… Quand on pouvait aller prendre dans les bacs des libraires. Celle-ci serait choisie. Allez bonne lecture.

Ingrid Chabbert est une autrice née en 1978 à qui l’on doit un roman jeunesse et de nombreux scénarios d'albums jeunesse et de bande dessinée. À ce jour, elle a publié plus d'une cinquantaine d'ouvrages. Capable de manier une grande palette de styles, elle parvient à s'adresser aux tout-petits (Un Crocodiles sur mon toit édité chez Kilowatt et dessiné par Lisa Blumen, Elma, une vie d'ours édité chez Dargaud, dessiné par Léa Mazet), aux adolescents (Les amis de Papiers édité chez Bamboo dessiné par Cécile) et aux adultes (Écumes et En attendant Bojangles, édités chez Steinkis et dessinés par Carol Maurel). Dans Larkia, son premier ouvrage publié chez Glénat, elle livre un récit post-apocalyptique libérateur et jubilatoire.

Patricio Angel Delpeche est un illustrateur et dessinateur argentin qui a notamment publié dans diverses revues étrangères dont FierroTerminusV1 et Heavy Metal. En 2020, avec Elles se rendent pas compte (adaptation du roman de Boris Vian), il réalise sa première collaboration avec les éditions Glénat ainsi que ses premiers travaux pour une maison d'édition française. Réside à Buenos Aires.

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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 07:55

Le synopsis de Ankama Editions

« 2011 : L’ETA dépose les armes. Un armistice inédit qui bouleverse le destin d’une Espagne divisée par la haine et le nationalisme. Au cœur de ce conflit, deux familles, deux femmes : Bittori et Miren amies d’enfance séparées par le terrorisme : L’une est la femme d’un « assassiné », l’autre la mère d’un terroriste. 2011 résonne différemment chez elles. Deux points de vue, deux destinées… Librement adapté du best-seller de Fernand Aramburu, ce roman graphique bouleverse par la portée de ses textes et la forc de son trait et de ses couleurs taillés dans le vif de la violence terroriste. »

 

Et si le roman graphique était le futur de la BD. C’est un peu tôt pour l’annoncer mais cela pourrait être le cas. Si vous êtes un puriste et que vous êtes attaché au graphisme et à la créativité, il est difficile de trouver sa « ration » dans la BD franco-belge actuelle. Oncle Fumetti n’hésite pas à écrire que le 9ème art est devenu un No man’s land dans lequel les marchands du temple occupent les meilleures places avec les rééditions pompeusement appelées des « intégrales » etc… Tout cela n’est plus que de la gestion de patrimoine éditoriale. Cet album propose autre chose… De la créativité, de la prise de risque, une mise en page décalée et travaillée. Rien que pour la forme c’est réussi le Vieux vous laisse découvrir le fond. Bonne lecture.

Toni Fejzual est serbe. Né en 1980 il a maintenant un parcours certain dans la BD ; une vingtaine d’années.

 

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2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 07:55

« … Le noir et le blanc c’est le Yin et le Yang, la dualité par contraste, comme dans la peinture chinoise ou japonaise, une grande maîtrise du trait et de la tâche. J’ai fait du manga. Pour les Japonais, le sexe est au cœur des choses, contrairement à notre civilisation judéo-chrétienne qui traite le sexe à la légère… ».

Tirée d’une interview de 2012 sur Génération BD.

Alex Varenne est né le  et il meurt en 2020. Il était un dessinateur et un auteur de Bande Dessinée érotique français. Il aura été un des précurseurs de cette branche du 9e art pas toujours convenablement assumée par le milieu qui trouvait ce mode d’expression vulgaire et sans doute un peu facile. Il n’en reste pas moins que les créateurs de cette partie étaient et son t de très fins artistes graphiques.

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10 février 2021 3 10 /02 /février /2021 07:55

Le synopsis du livre :

« Sherlock Time est une série fantastique et policière. Le propriétaire d’une maison hantée se rend compte qu’elle sert de piège à des extraterrestres pour capturer des humains. Il accepte qu’un dénommé Sherlock Time investisse l’une des tours du manoir. À l’instar de Holmes et Watson, tous deux mènent diverses enquêtes en onze épisodes »

Cette série qui date de 1958 a été considérée par Alberto Breccia comme son premier travail significatif. Son style est déjà très présent, affirmé même. Il fera de lui une référence ou encore un modèle. C’est classique, en noir et blanc et les grands à-plats sont légions. C’est un style. Oncle Fumetti aime et le revendique. Ce style n’est pas dénué d’audaces au demeurant. Ce classique n’est pas si répandu que cela et il permet à la jeune génération de découvrir ce grand artiste. Pour le reste le scénario est plaisant. Il suffit d’aimer la « fantasy ».

Alberto Breccia est l’un des grands maîtres de la bande dessinée argentine.Il voit le jour en  Uruguay. Son talent précoce de dessinateur lui permet d’échapper au travail dans les abattoirs de Buenos Aires. Ami d’Hugo Pratt il enseignet à la Escuela Panamericana de Arte. Ses chefs-d’oeuvre sont nombreux, et notamment le fameux Mort Cinder.

Hector Oesterheld (1917-1978) était à la fois scénariste et journaliste. C’est un personnage incontournable de l’histoire de la bande dessinée argentine. Il collabora avec Albert et aussi avec Hugo Pratt sur Ernie Pike notamment. Opposant à la dictature, il est enlevé en 1978 et meurt assassiné par la junte

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6 février 2021 6 06 /02 /février /2021 07:55

Bonjour Amaury. On ne vous connait pas assez. Qui êtes-vous ? Quel est votre parcours en quelques mots ?

Bonjour, je suis un lyonnais de 48 ans, biologiste de formation et de pratique (20 ans), mais passionné de dessin et autodidacte, qui a décidé de tenter sa chance il y a une dizaine d’années. La crise de la quarantaine, quoi. C’est assez classique. Le jeu vidéo n’a pas voulu de moi, mais quand j’ai finalement opté pour la BD, ça a été assez rapide.

 

• Au-delà de vos compétences techniques, pourquoi ce support pour vous exprimer ? Pourquoi la BD ?

La BD, c’est un fantasme de gosse, un truc autour duquel je tourne depuis tout petit, mais avec des résultats catastrophiques chaque fois que je m’y suis essayé. J’étais ado, je n’avais aucune aide, aucun contact dans le milieu, et à l’époque, pas de tutos Youtube. C’est le numérique qui m’a débloqué. Après 20 ans de pratique numérique en amateur, dans l’association Arkham par exemple, mon dessin était devenu potable, et la souplesse de l’outil m’a permis de faire des essais de composition, de découpage, jusqu’à ce que je me dise : « Mais j’y arrive, je suis capable ! Je peux raconter quelque chose ! ».

 

• Parlez-nous de «Ion Mud ». Expliquez-nous la genèse de cet album. Pourquoi ce contexte ? Pourquoi cette histoire, ce personnage ?

L’histoire d’ION MUD s’est construite au fil des années, dans un coin de ma tête. C’est le croisement d’influences diverses, dont le fameux manga Blame! , qui longtemps m’a hanté, et la volonté de raconter une histoire de SF intéressante, à l’ancienne. Faire du personnage principal un vieil homme était à la fois un pied-de-nez à certains codes, et une évidence : cela donne une autre dimension à son entêtement, à son amertume. Et une profondeur qu’on n’aurait peut-être pas ressentie chez un personnage plus jeune. Mais l’histoire a été modifiée 3 fois, sous les remarques bienveillantes et argumentées de mon contact chez Casterman. La quatrième est nettement la meilleure.

 

• Comment travaillez-vous ? Est-ce que vous vous isolez en mode ermite ou vous laissez vous envahir par votre contexte habituel, votre environnement, par les médias, la société humaine en général.

Plutôt en mode ermite, de 8h à 18h, avec de la musique. C’est un processus solitaire, j’ai besoin de concentration. Quant aux médias, à la société humaine, je n’étais déjà pas très en phase, mais depuis le COVID, je préfère rester loin, très loin. On assiste à une démission de l’intelligence qui fait froid dans le dos. La moitié de la population refuse de simplement réfléchir par elle-même, par peur, lâcheté, intérêt ou besoin d’adhésion au groupe… C’est flippant. De l’ingénierie sociale de haute volée. Et il n’y a même plus de dialogue possible. A ce niveau, il faudrait presque une sécession entre les deux courants de la population. J’ai déjà fait sécession, à ma petite échelle. Mort aux cons :D.

 

• Est-ce qu’un tel livre dont l’action se déroule dans un tel contexte, dans un univers très éloigné du nôtre nécessite un gros travail de recherche, ou puisez-vous vos idées en général ?

Non, pas tellement. J’ai passé tellement de temps à imaginer des mondes, des personnages et des histoires, pendant les cours quand j’étais ado, ou plus tard pendant les réunions au boulot, que ça vient tout seul. C’est dans ce fond que je vais chercher mes idées. Après, quelques recherches sur internet sont parfois nécessaires pour étoffer un point particulier, trouver un détail amusant, enrichir un contexte. Et bien sûr je suis un gros consommateur de mondes imaginaires, BD, romans, films…

Je pense que ça se travaille, comme tout. J’avais lu tout Jules Vernes à 15 ans. En termes de stimulation de l’imaginaire, je crois qu’on ne fait pas mieux !

 

• Etes-vous plutôt mine de plomb, Photoshop ou est-ce un « mix » des deux qui contribuent à vos créations ?

Cet album est complètement numérique, pour les raisons citées précédemment. Mais sur le prochain je bascule en manuel : encre de chine sur Canson. C’est un défi, c’est encore assez dur. Pas de CTL+ALT+Z quand le trait de plume est foireux… Mais dans l’avenir, je pense utiliser les deux en alternance, en fonction du projet. En mix, aussi, pourquoi pas ?

 

• Quels sont vos modèles dans la BD ? Qui sont vos inspirateurs ? On parle d’influence de mangas, de Moebius. Qu’en est-il ?

Mes influences suivent mon parcours de lecteur de BD : franco-belge jusqu’aux années 90 (Bilal, Moebius, Rosinski, Hermann), puis de grosses claques US (Mignola, Miller, Charest, Cho), en même temps que du manga (Ottomo, Shirow, Nihei). Ce sont ceux qui me viennent tout de suite à l’esprit, mais une liste exhaustive ferait 3 pages ! Il y a du très bon partout. J’en découvre tous les jours, et je m’en veux à chaque fois d’être passé à côté… Toppi, De La Fuente, David Petersen, avec ses légendes de la garde…

Ce qui m’attire le plus c’est un dessin réaliste, en noir et blanc, avec un gros travail sur les ombres, les textures, les hachures… Du coup c’est ce trait que j’essaie de reproduire, modestement. Je suis loin d’avoir trouvé mon style, mais c’est un processus lent et douloureux, et je ne suis pas inquiet. Je progresse tous les jours.

Je peux aussi être happé et fasciné par quelque chose de complètement différent (le mercenaire, de Segrelles, au hasard), mais si j’en apprécie la lecture, je vais vers un dessin complètement différent.

 

• Si vous aviez une BD à reprendre en mode «reboot » laquelle serait-ce ? Et pourquoi ?

Aucune. Le reboot est à mes yeux une aberration, en BD comme au cinéma. Pour moi c’est un non-respect du travail original. Pourquoi le reprendre ? Parce qu’il ne correspond plus à l’époque ? Il faut réécrire Michel Strogoff en langage texto, du coup ? Non, c’est aussi et surtout de la fainéantise intellectuelle. Cela évite de prendre des risques. De mon point de vue, si on n’est pas capable d’inventer quelque chose, et donc de prendre des risques, il ne faut pas faire un métier créatif. Et je ne crois pas du tout que cela corresponde à une demande du public. Vraiment pas.

 

• Sur quels projets travaillez-vous ? Où allez-vous nous emmener ?

Mon prochain album n’est pas encore signé, mais c’est de la fantasy à ma sauce, avec des peuples et des créatures de mon invention. C’est un conte sombre, avec de la magie et une fin où tout le monde est perdant.

Et puis j’ai deux autres idées en gestation, plutôt bien avancées : j’ai la trame principale et je sais où je vais, cela demande juste du développement. Une de ces histoires est bien barrée, avec un personnage détestable que je suis impatient de dessiner. J’espère que le public suivra. J’essaie d’être authentique et honnête, et d’écrire les histoires folles que j’aimerais lire. On verra bien si la démarche porte ses fruits ! 

 

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