Titwane est illustrateur, notamment, pour la presse et l’édition. Coauteur d’Enquêtes générales, immersion au cœur de la Brigade de répression du banditisme (Éditions de La Martinière, 2013), il collabore à la Revue dessinée et a illustré plusieurs ouvrages aux Éditions Plume de carotte ainsi que des séries de romans pour Bayard ou Albin Michel jeunesse. Il vient de sortir Immersion au cœur du 36, quai des orfèvres avec Raynal Pellicer chez La Martinière. Oncle Fumetti a voulu en savoir plus...
Quel est le lien entre le livre sorti en 2013 et celui-ci. Est-ce une suite ? C'est un autre sujet ?
Ce livre n’est pas la suite du livre précédent mais le résultat de l’envie de poursuivre ce travail de reportage avec Raynal Pellicer, de tester à nouveau ce format particulier. Il existe un autre lien entre ces deux livres : c’est l’existence du premier qui a rendu possible le deuxième. C’est le livre « Enquêtes générales » qui nous a ouvert les portes très fermées de la brigade criminelle.
Qu'est ce qui différencie artistiquement le premier carnet de celui-ci ?
Il est assez semblable dans le format et dans le principe de mise en page mais il est aussi différent parce que j’ai pu partir des acquis du premier livre pour développer et approfondir le travail de mise en relation du texte et des illustrations. Je me suis aussi libéré de certaines barrières que je m’étais fixées et expérimenter plus de doubles pages par exemple.
En quoi l'expérience du premier carnet aura influencé ta créativité ?
J’aime dessiner parce que chaque dessin est une leçon, chaque illustration nous apprend quelque chose (soit parce qu’elle est réussie, soit parce qu’elle est ratée !). J’ai appris beaucoup en faisant le premier livre et j’ai pu poursuivre sur le deuxième. Parfois on repart de zéro mais là j’avais un socle, une petite voix qui me disait « ça, ça marche, donc tu peux pousser un peu plus loin les recherches ».
Quel est ton regard sur le milieu que tu décris ? Après un deuxième travail dans le milieu policier comment l'as-tu perçu ?
Même si les deux brigades que nous avons prises pour sujet sont très différentes l’une de l’autre, les hommes qui s’y trouvent se ressemblent beaucoup. Je reprends à mon compte l’expression d’un des policiers de la crim’ : des hommes (ou des femmes) ordinaires confrontés à des situations extraordinaires. Je suis à la fois impressionné par les choses qu’ils doivent traverser dans leur métier et rassuré par le fait de constater qu’ils ne sont pas insensibles à ces réalités.
Comment est apprécié ton travail par le milieu policier ? Ton travail est-il censuré ? Y-a-t-il un droit de regard ? As-tu du refaire des dessins ?
Les retours que nous avons sont très bons et beaucoup offrent les livres à leur proches comme un moyen d’expliquer leur quotidien qui est par ailleurs difficile à verbaliser. Le livre sur la brigade criminelle a fait l’objet d’une relecture et d’une validation par la brigade et le parquet, notamment pour des questions de respect du secret de l’instruction. Nous avons dû refaire des pages, et donc des dessins, pour remplacer des éléments qui ne pouvaient être publiés mais on ne m’a jamais fait modifier de dessin.
Y aura-t-il une troisième œuvre de ce style ?
On y travaille. Nous aimerions faire un tryptique « police » mais aussi tester le format sur d’autres types de sujets.
En quoi un carnet de dessins est-il un support adapté pour ce style de récit ?
Le dessin permet de mettre un filtre par rapport à la réalité, de respecter un certain anonymat. Il a l’avantage de permettre de montrer partiellement certaines choses, de mettre l’accent sur certains éléments tandis que d’autres sont juste suggérés. c’était très utile sur les scènes de crime par exemple. Le carnet était pour nous le moyen de nous éloigner de toute fiction. Un traitement en bandes avec des cases aurait suggéré une histoire alors qu’on est sur du reportage.
Comment as-tu travaillé ? D'après photos ? Sur place directement ? Ou de mémoire ?
J’ai à nouveau travaillé à partir des photos prises par Raynal lors de l’immersion mais je me suis également rendu sur place. Ce façon de travailler permet cette précision de dessin qui ne serait pas possible avec des illustrations réalisées in situ. Sans compter qu’il n’était pas possible pour les policiers d’avoir deux personnes sur le dos en permanence !
Quel a été ton rythme de travail ? Sur quelle durée as-tu travaillé ? Quels sont tes outils ?
Une fois les textes écrits par Raynal, la préparation du découpage, la réalisation des dessins et la mise en page prennent environ 8 mois. Je travaille principalemant à la plume et à l’encre de Chine puis à l’aquarelle pour les couleurs, parfois à l’acrylique ou au brou de noix. Je fais des crayonnés très sommaires pour conserver de la vivacité et de la tension à l’encrage.
Quels sont tes projets futurs ?
Je continue à travailler comme illustrateur pour d’autres éditeurs (Plume de Carotte, Albin Michel Jeunesse). J’ai le projet de continuer à travailler avec Raynal Pellicer sur du reportage parce que la réalité est tellement plus forte que toutes les fictions que je serais capable d’écrire !