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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 07:55
Les 10 ans des éditions "Les Enfants Rouges" : L'interview de Nathalie Meulemans.

La maison d'édition « Les enfants rouges a 10 ans cette année. Nous avons souhaité interroger sa créatrice et directrice ; Nathalie Meulemans.

Meilleurs vœux pour cette année qui débute. Votre maison d'édition a 10 ans. Racontez nous sa genèse Comment et pourquoi souhaite-t-on un jour éditer des livres ?

Avant l’édition, il y a eu une librairie spécialisée en bandes dessinées. En 1992, j’ouvrais une petite librairie à Antibes. Deux ans plus tard, je l’ai déménagée dans un local plus grand en y annexant une partie café/petite restauration. L’endroit était très convivial et permettait d’inviter des auteurs pour des rencontres et dédicaces. Je me suis, dans la même période occupée, de la programmation d’un festival de bandes dessinées à Valbonne et d’un atelier dédié aux expositions d’auteurs.De nombreuses rencontres et discussions m’ont donnée envie d’élargir mes connaissances dans le domaine de la bande dessinée. Le « roman-graphique » (comme on l’appelait à cette époque) était en plein développement et promettait de belles créations. En 2005, l’envie de me lancer dans l’édition s’est imposée naturellement. Cela me permettait de travailler au plus près avec les auteurs.

Pourquoi éditez vous des bandes dessinées ?

Après 14 ans de librairie spécialisée, j’ai vu la diversité qu’offre la bande dessinée. C’est un domaine qui m’est à la fois familier et qui me surprend sans cesse. Les premières bandes dessinées que j’ai publiées m’ont été présentées par des auteurs qui étaient aussi des amis, comme Marc Moreno, Loïc Dauvillier, Laurent Bramardi.... Nous avons pu travailler en confiance en prenant le temps de développer à la fois les récits, la pagination, les maquettes, les formats, chacune des étapes qui allaient construire la création des collections.

Planche de "Bernarreke"

Planche de "Bernarreke"

Je crois que votre ligne éditoriale est le monde de l'intime, les récits personnels. Pourquoi ce choix ?

Tout simplement parce que ce sont des récits qui me touchent.

Est-ce que l'on pourrait voir les Enfants rouges éditer de l'héroïc fantasy, du western ou de la Science Fiction ?

Parmi ces trois genres, la science-fiction existe déjà un peu dans le catalogue des Enfants Rouges. Je pense à deux albums qui sont plutôt des récits d’anticipations : « Chronique d’une chair brûlée » de Fabien Bertrand et Aude Massot dont l'action se déroule dans une société totalitaire, un récit proche de « Brazil » ou alors « Métropolis » de Christophe Girard d’après l’oeuvre de Fritz Lang. Le western, pourquoi pas. Il peut-être moderne, à l’instar du film français « Les cowboys ».

Comment choisissez vous vos auteurs ? Est-ce la nature du projet qui vous attire ? La recherche artistique ? Le feeling ?

Un peu de tout cela. Mais avant tout, il y a l’histoire et les rapports humains. Pour le graphisme, je parlerais davantage de feeling. J’aime quand un auteur se distingue par son univers, même si on ressent parfois ses inspirations, mais si je suis surprise en recevant un projet, c’est déjà une première étape.Ce fut le cas lorsque j’ai reçu les pages de "Fastermarket "de Jérémy le Corvaisier. J’ai eu réellement un coup de coeur pour son style et son univers très particulier.

Planche de "La belle absente".

Planche de "La belle absente".

Avez-vous des interdits ? Peut-on tout publier ?

Je ne m’interdis pas de publier, mais si je n’aime pas, je ne publie pas. Il y a des genres qui ne font pas partie du catalogue, soit par goût, soit par choix de ne pas les développer. On me propose souvent des « gags » issus de blog. Même si certains sont bien traités, bien réalisés et drôles, je ne suis pas intéressée par une publication papier de ce que l’on peut lire gratuitement sur les blogs. Une exception : avec David Snug, nous avons publié « La maison n’accepte pas l’échec » en 2013. La majorité des histoires étaient parues sur son blog de façon sporadique, mais pour la version papier, il a complètement redessiné chaque histoire. Je travaille avec David Snug depuis ses débuts. Nous avons publié son premier album « Je suis très déçue par ton attitude » en 2008, il a un univers bien particulier avec des traitements graphiques qui ont évolué pour chacun de ses albums.

Quels sont vos auteurs-phares. Présentez les nous ?

Je vais citer ceux avec lesquels je travaille de façon régulière, comme Christophe Girard. Nous venons de publier le 10e album « Bernarreke » sur un scénario autobiographie de Bernard Valgaeren. Ils préparent le secont volet qui paraîtra en octobre 2016. Jean-Marc Pontier, auteur de "Peste blanche » a également travaillé avec Bernard Valgaeren sur un récit-graphique-témoignage "Jean-Eudes ». Jean-Marc Pontier est enseignant, peintre, auteur et critique. Il finalise son prochain projet « Les panthères" qui paraîtra en avril 2016. Séverine Vidal est une scénariste qui écrit beaucoup pour le jeunesse et les adolescents. En 2014, nous avons lancé une petite collection « Les petites marées » dont le 1er album « Mona » avec Mathieu Bertrand a su rencontrer son public. « Rose" et « Jules » sortiront en octobre 2016. Parallèlement, Séverine Vidal m’a présenté un autre projet « La belle absente » co-scénarisé avec Constance Joly et illustré par Barroux. Un récit noir pour adultes à paraître en avril 2016. Avec Camille Rebetez et Pitch Comment, deux auteurs suisses, nous nous sommes lancés en 2012 dans une « série ». La série n’était pourtant pas dans mes intentions éditoriales, mais la rencontre avec les auteurs et l’originalité du projet « Les indociles » m’ont convaincue. Janvier 2016 voit se terminer cette saga qui a vu défiler 50 ans de la vie des personnages.

Planche de "Les panthères".

Planche de "Les panthères".

Pour une maison comme la vôtre est-ce que le numérique est une évolution nécessaire voire indispensable ? Peut-on s'en passer ?

Non, je ne pense pas et je n’y pense pas. J’ai du mal à imaginer lire un roman-graphique sur une tablette. 200 planches sur une tablette... on perd forcément l’ensemble de vue.

Comment allez-vous fêter vos 10 ans ? Devons nous nous attendre à des surprises ?

Pour les 10 ans des Enfants Rouges, nous avons décidé de présenter 10 albums du catalogue et de les proposer à 10 euros. Un beau cadeau pour tous les lecteurs qui souhaitent découvrir ou compléter leur collections. Le choix a été fait en fonction de l’actualité des auteurs ou de l’actualité de notre époque. L’occasion de revisiter le catalogue et de remettre en avant les albums qui ont égréné ces quelques années d’édition. Des albums d’auteurs qui depuis connaissent d’autres succès, des albums dont les thématiques résonnent encore dans notre actualité « Salt Pit – Prison secrète de la CIA », « La faute à 68’ », « Bello Ciao – G8, Gênes 2001 » ; des albums qui permettent de mettre en lumière la complexité et les dysfonctionnements administratifs « Jean-Eudes », des récits à hauteur d’enfants, parcours parfois difficiles mais poétiques « Sages comme une image », « Le fils de son père » ; des adaptaions littéraires « Il est mort le poète », « Rashômon » ; des autobiographies aux situations plutôt comiques, d’auteur parti s’installer au Vietnam « Yeü Yeü Saïgon » ou d’un adolescent des années 80 « J’aime pas la musique ».Ces dix récits complets au prix de 10 euros seront en librairie dès le 21 janvier.Nous serons à Angoulême pour fêter cette 10e édition avec les auteurs et présenter le premier album de Nina Jacqmin et Nicolas Antona :" La tristesse de l’éléphant ».

Au delà de cet anniversaire, quels sont vos prochaines parutions durant l'année qui vient et les défits à relever pour pouvoir fêter un jour vos 20 ans ?

J’en ai déjà cité quelques uns dans mes réponses précédentes ; il y aura "La tristesse de l’éléphant", le dernier volume de la saga « les indociles ». En avril s'ajouteront deux romans-graphiques plus littéraires « Les panthères » ou le parcours initiatique de Manu, l’idiot de la cité qui, par amour, va découvrir et aimer la littérature et les arts; puis "La belle absente », une écriture incantatoire et mystérieuse, à la deuxième personne du singulier, qui place d’emblée le lecteur dans la thématique de l’obsession amoureuse. En mai : "Mangeur de feu" de Gérald Gorridge, un récit gourmand sur la fameuse soupe vietnamienne Pho. Plus tard, paraîtront « Rose », « Bernarreke" (seconde partie), et « Pierrot" de Mary Aulne et Mathieu Bertrand.Voilà une année déjà bien chargée avec huit titres (contre 4 en 2015). Sans compter que j’ai un autre projet en parallèle, dont je vous parlerais prochainement si tout va bien.

Merci Nathalie Meulemans et bon anniversaire à votre maison d'édition.

 "La tristesse de l'éléphant".

"La tristesse de l'éléphant".

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