Ce mois-ci sort le nouveau livre de Jonathan Munoz paru chez Cléopas «Les Dormants ». Quand on lui demande spontanément de se présenter à Oncle Fumetti afin que ses fans ou les lecteurs fassent mieux sa connaissance voici ce que l'on reçoit comme réponse...
« Un mardi matin de l'année 1984, alors que le café tiédit dans la salle à manger, sa génitrice et son géniteur se regarde tendrement. Neuf mois plus tard il naîtra. Il grandira entouré d'une Game Boy et d'un frère qui lui fera comprendre à coup d'édredon que dans la vie, il faut savoir partager.
C'est comme cela que pour tuer le temps entre deux parties de jeux, il commence à tartiner des cahiers de gommettes, feutres et autres ustensiles de dessin. Une manie qui le poursuivra bien plus tard au grand dam de ses professeurs qui lui expliqueront que l'on ne barbouille pas ses livres d'histoire avec des vaisseaux intergalactiques à rayon ultra gamma bx-2000. Il obtiendra malgré tout son bac avec mention « admis », ce qui lui permettra d'intégrer l'école supérieure lyonnaise spécialisée dans l'art du gribouillage (Émile Cohl), d'où il sortira diplômé. Il obtiendra ainsi l'autorisation de faire de petits gribouillis dans des livres de français, des mensuels Disney et autres magazines spécialisés. Très vite il sera repéré par des gens ayant beaucoup de goût qui lui proposent le barbouillage de livres entiers. C'est ainsi que naquit « Un léger bruit dans le moteur » en collaboration avec Gaet's et Jean-Luc Luciani (sortie été 2012). Il travaille actuellement sur de nouveaux projets dont « Les dormants » aux éditions Cléopas qui devrait voir le jour fin février 2013. »
Bonjour Jonathan Munoz. Vous êtes l'auteur des dessins du livre « Un léger bruit dans le moteur » paru en 2012 chez Physalis. Vous publiez un deuxième livre ces jours-ci que vous avez conçu entièrement seul. Il s'agit de « Les Dormants » paru chez Cléopas. Merci de répondre à Oncle Fumetti.
Quand on regarde votre site on voit la multiplicité de vos compétences et envies ; illustrations, peintures, sculptures, animation. Qu'est ce qui vous intéresse plus ? Vers quoi vont vos préférences ?
La sculpture permet de comprendre un volume ou l'animation de comprendre le mouvement et l'attitude des personnages...J'aime explorer différentes techniques artistiques. Je me suis cependant orienté vers le dessin dans le but de raconter des histoires. J'ai trouvé dans la bande dessinée une manière de lier l'ensemble de ces compétences. Je pense que tous ces arts sont liés et me servent dans le travail que je réalise en BD aujourd'hui.
Vous avez dessiné le livre "Un léger bruit dans le moteur"...Il a bien été reçu par la communauté des fans de BD. Comment avez vous travaillé sur ce projet ? Quand avez vous retenu en terme d'expérience ?
La manière dont je me suis mis à travailler sur ce projet est un peu longue à raconter, alors je vais être concis. Dans les grandes lignes : j'ai rencontré Gaet's (mon scénariste) dans une soirée, on a bu des bières et longuement discuté.
Il m'a dit : « lis ce livre ! » (je l'ai lu. Ça m'a plu !)
Il m'a dit : « je l'ai adapté en scénario BD » (je l'ai lu. Ça m'a plu !)
Il m'a dit : « ça t'intéresserais de le dessiner ? »
J'ai repris une bière et j'ai dis : « OK »
Ce que j'ai retenu de tout ça c'est que parfois (rarement je l'admets) la bière permet de faire les bons choix.
Comment s'est faite la collaboration avec Gaet's et Jean Luc Luciani sur ce livre ?
À l'époque avec Gaet's nous habitions tous deux dans la même ville ( Lyon) ce qui à grandement facilité les échanges. On se retrouvait soit chez l'un soit chez l'autre (souvent chez lui, son appartement était mieux rangé... ) pour discuter du scénario, de mes dessins, des retouches à apporter, le tout entrecoupé de discussion sur la littérature, les films et un petit peu des filles...
Avec Luciani (l'auteur du livre) nous n'avons pas eu d'échanges avant d'avoir terminé l'album. Je ne voulais pas être influencé par sa vision du livre. Gaet's et moi voulions apporter notre truc à nous. Un regard plus personnel. On a cherché ce que notre média pouvait apporter de plus. C'est à dire ne surtout pas refaire mais essayer de sublimer ce que nous avions aimé.
Est-ce difficile de suivre les demandes d'un scénariste ?
Ça dépend des scénaristes, avec Gaet's nous avions les mêmes envies, à peu près les mêmes goûts, ça s'est donc fait assez naturellement.
Pourquoi avoir travaillé avec Physalis ? Était-ce une commande ou un projet que vous avez présenté ?
Nous avons démarché pas mal d'éditeurs avec notre projet sous le bras, la réponse a été souvent la même: « c'est super !... malheureusement notre ligne éditoriale ne nous permet pas d'éditer ce type d'ouvrage. »
Gaet's avait déjà eu plusieurs collaborations avec le directeur éditorial de cette maison d'édition. Il lui a présenté le projet et l'éditeur a voulu signé. On n'avait pas bu de bière : on a quand même dit : OK.
Vous vous apprêtez à publier "Les Dormants" chez Cleopas cette fois-ci ? Pourquoi ce projet ?
Ce projet me trotte dans la tête depuis quelques années déjà. Je voulais parler d'une chose qui me tenait vraiment à cœur, une chose intime mais comme c'est personnel, je ne vais pas dire pourquoi. Non non non.
Comment avez vous eu l'idée ? De quoi parle le livre ?
J'étais sur un canapé avec mon frère quand il m'a dit :« Ça serait marrant de raconter une histoire avec une fille qui à des cheveux en or. ». C'est parti de là. Au final l'histoire n'a rien à voir ! C'était juste le déclic, l'idée du conte. Je voulais parler du deuil. Un sujet tellement éculer qu'il me fallait l'aborder de manière originale sans tomber dans le pathos. J'espère sincèrement y être arrivé.
Pourquoi seul cette fois-ci et pourquoi cette maison d'éditions ?
D'abord parce que j'adore écrire, aussi parce que je suis dyslexique et que j'ai passé ma vie a entendre que je ne saurai jamais écrire.
J'avais envie de me prouver l'inverse. Il se trouve que cette maison d'éditions m'a fait confiance, m'a laissé une vraie liberté et je les en remercie.
Comment travaillez vous un projet ? Etes vous devant la page blanche et Go !! On y va ou êtes vous structuré à faire des croquis, des crayonnés pour explorer votre imaginaire ?
C'est un grand n'importe quoi, un peu à l'image de ce qui se passe dans ma tête. Un million de feuilles volantes, un coin de nappe, des petits bouts de croquis sur de grandes feuilles, des grands dessins sur des petits bouts de papiers rapiécés. Un bureau inondé. Et après j’essaie de mettre de l'ordre dans tous ça.
Quel technicien êtes vous ? Etes vous plus palette graphique ou mine de plomb ?
Les deux. J'aime le contact du papier et les possibilités du numérique.
Quels sont vos idoles de jeunesse, vos inspirateurs ?
Yslaire, Manu Larcenet, Ernest Pignon Ernest, les Jouvray, Pedrosa, Guarnido, Frederik Peeters, Peter de Seve, Lepage, Marc Antoine Mathieu, Franquin, Bill Watterson, Molière, Edmond Rostand, Rémy Boiron, Zidrou... et beauuuuuuucoup d'autres.
Êtes vous plus "One shot" ou inspirez vous plus à une bonne série qui assure les fins de mois légères ?
Je suis encore jeune, j'ai envie de papillonner les One shot me le permettent. Alors pour l'instant...
Merci Jonathan de nous avoir donner de votre temps à Oncle Fumetti et tous nos vœux de réussite pour votre livre. A bientôt.