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27 février 2015 5 27 /02 /février /2015 07:55
Paroles de BD…Philippe Druillet

Au sujet de Métal Hurlant. «..C'était une période de folie. Il y avait en permanence une quarantaine de personnes chez moi, la drogue circulait, on inventait une nouvelle manière de dessiner, sans la moindre limite. A Métal, on avait les meilleurs dessinateurs du monde, mais la gestion était un joyeux bordel. Jean-Pierre Dionnet, aidé de Philippe Manoeuvre, a réussi à faire tenir tout ça debout. Métal hurlant, c'est un mouvement artistique, une légende. Mais j'en ai un peu marre qu'on m'en parle tous les matins... ». Tiré d’une interview de janvier 2014 publiée par l’Express.

Philippe Druillet est né le 28 juin 1944 à Paris. Il est dessinateur et scénariste de bande dessinée français. En 1969, Goscinny lui donne sa chance et il travaille pour Pilote. Il crée Métal Hurlant et les Humanoïdes Associés avec d’autres. La Nuit est son album-phare. Il est publié en 1976 et marque un tournant dans l'œuvre de Druillet, car il se lie intimement à l'accompagnement de sa femme dans la maladie, jusqu'à son décès. Son découpage et sa colorisation cassent les codes de l’époque. Lone Sloane est son héros récurrent. On le voit dans 10 albums de 1966 à 2012. (crédit photo : wwww.druillet.com).

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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 07:55

Dans son bureau à Bruxelles, interview d'HERGÉ après l'inauguration de la statue de son héros : il est sinon ravi au moins étonné. Il répond aux reproches et critiques qu'on lui fait sur la politisation de ses histoires. Politiquement, il ne se situe nulle part et reprend à son compte une citation de Nietzsche : "Toute conviction est une prison". Merci à l'INA, à France 2 (Antenne 2 à l'époque). Un document de 1976.

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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 07:55
Loki 2. le Dieu fourbe de Dobbs et Benjamin Loirat chez Soleil.

Le synopsis de Soleil :

«Après leur mésaventure auprès de la tribu des hommes-loups Ülfhëdhnar et de Nidhogg le Dévoreur, nos trois compagnons sont de nouveau réunis. Mais le moine, le poète et le combattant demeurent encore et encore les jouets d’un destin facétieux et tragique. Et si... oui, et si les Nornes, maitresses du temps et grandes tisseuses de la destinée des 9 mondes, avaient choisi le guerrier sans passé appelé Loki pour une tâche bien précise: mettre un terme définitif à l’âge d’or d’Odin le Tout Puissant et mener l’univers connu sur la voie du Ragnarök, le commencement de la fin. »

Un Dobbs cela se déguste. Le Monsieur est rigoureux. Il y a du travail et de la reflexion dans ce qu'il fait. Ceux qui le connaissent vous diront que c'est un personnage mais le scénar cela ne se galvaude pas. Il prend le temps. Il fait les recherches qu'il faut et il nous propose toujours un « produit » pensé et abouti. Cet album n'échappe pas à la règle. Un petit tour à Asgard en si bonne compagnie cela ne se refuse pas. La couverture est superbe et on sait que Dobbs y apporte un soin scrupuleux. C'est une bonne entrée en matière. Avec ces lascars pas de lézard...la suite est du même tonneau. Bref c'est certes encore une BD de viking mais c'est atypique. On est directement au stade des Dieux. On sait tous un peu que la mythologie nordique est complexe et laisse la place aux rêves et à l'imagination. Les créateurs sont donc en capacité de nous en proposer. Benjamin Loirat a le sens du trait. Il sait dessiner les physionomies qu'il convient. Les planches sont travaillées et c'est très esthétique. C'est rapide, punchy. La fine équipe est reconstituée. Toujours Quemener pour les couleurs. Une bonne BD. Il n'y en a pas beaucoup en ce moment. Ne boudez pas votre plaisir.

Benjamin Loirat est un jeune dessinateur. Il circule encore peu d'informations sur lui. Son premier album a été une vraie réussite. La suite est bien construite. Il s'annonce comme l' un des jeunes dessinateurs les plus prometteurs de sa génération. Il remet le couvert avec Dobbs ; une paire complémentaire. Il en faut.

Olivier Dobremel alias Dobbs est formateur, scénariste et conférencier. Il est montpelliérain. Il collabore maintenant depuis plusieurs années avec Jean Luc Istin et avec Soleil sur des scénarios portant sur des livres tels que : Ed Gein, Mr Hyde contre Frankenstein, Allan Quatermain ou encore Alamo. Il a sorti 11 albums depuis 2009 et d'autres depuis. Il est prolixe mais c'est de la prolixité talentueuse.

Simon Quemener est montpelliérain également. Il a été formé à l'école ArtFx de Montpellier. Il est à la fois dessinateur mais aussi coloriste. Il collabore actuellement avec Soleil mais son parcours l'a amené à travailler avec d'autres éditeurs comme Ankama ou Joker.

Benjamin Loirat

Benjamin Loirat

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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 07:55
Vénéneuses de Thomas Gilbert chez Sarbacane.

Le synopsis de Sarbacane :

« Vénéneuses suit le fulgurant destin de Noor et Domitille, deux lycéennes sensuelles et sauvages. Nos héroïnes veulent vivre à 1 000 à l’heure, avec une force de vie et de mort époustouflante : soirées – trop – arrosées, amours interdites et dangeureuses, fascination pour l’auto-destruction, relations compliquées entre filles… Dans cette cruelle chronique d’une amitié hors normes, le tout jeune Thomas Gilbert explore avec brio les affres de l’adolescence. Il mène son récit tambour battant. Un récit porté par un dessin énergique, survolté et inspiré – acide. »

Une chronique sur l'adolescence. Une de plus allez vous penser. Non. Pas celle-ci. Thomas Gilbert nous offre sa vision de cette période de la vie. Le passage de l'enfance à l'age adulte. Nous connaissez non ? Il fait sa proposition par la biais de deux héroïnes. Deux filles. Une histoire de filles racontée par un homme. Paradoxe?Non pas forcément. Comme de juste elles prennent la vie par les deux bouts. On ne vous raconte pas la fin. On vous laisse la découvrir. Le parti pris graphique est au diapason avec le récit. C'est novateur dans la narration. C'est très travaillé et pourtant très brut. C'est intéressant par la colorisation aussi. C'est très « barré ». On suit cela avec plaisir. C'est nouveau, original et intéressant. Une vraie belle découverte. Une œuvre à prendre dans ses mains, à ouvrir et à lire du début à la fin. C'est sorti. C'est un 160 pages quand même, en format 20,5 X 28 CM de plaisir. En quadri et en couverture cartonnée. Allez-y voir.

Thomas Gilbert est né en 1983. Il entre dans la carrière en 2009, avec la sortie du premier tome d’Oklahoma boy mais,aussi de Bjorn le Morphir. Il nous propose ses histoires. Toujours des projets très personnels. Il crée du lien avec le lecteur. Il travaille à l’atelier Mille, à Bruxelles.

Vénéneuses de Thomas Gilbert chez Sarbacane.
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22 février 2015 7 22 /02 /février /2015 06:20
Frida Kahlo de Jean Luc Cornette et Flore Balthazar chez Delcourt.

Le synopsis de Delcourt :

«1937, Mexique. Frida Kahlo, artiste et femme libre, accueille chez elle Léon Trotski, cadre du parti communiste de l'Union soviétique, forcé à l'exil. Jusqu'à son assassinat quatre ans plus tard, le politicien, la belle Mexicaine et Diego Rivera, son tumultueux époux, vont vivre une aventure hors norme, entre passion et fureur, art et politique, rires et larmes. Trois destins qui s'entremêlent pour quatre ans d'Histoire. »

Frida Kahlo était hors de son temps . Artiste, féministe, engagée politiquement et bisexuée, elle était à son époque très en avance sur ses contemporains dans une société machiste et peu ouverte à la modernité et aux idées. Elle était issue d'une famille très bourgeoise mexicaine et d'un père allemand immigré en ce pays d'Amérique Centrale. Femme belle, forte de caractère et fragile physiquement, artiste et engagée. Cela lui vaudra une vie tumultueuse. Les deux auteurs se sont attachés à nous narrer un aspect essentiel de sa vie ; son engagement auprès du parti communisme mexicain avec son mari Rivera, autre artiste mexicain et sa relation tumultueuse avec Léon Trotski quand ce dernier fût exilé au Mexique, pays où il mourut assassiné d'un coup de pioche dans la tête. C'est donc un récit passionnant et dramatique auquel nous sommes conviés. Il y aurait d'autres aspects de la vie de cette femme incroyable qui auraient pu être racontés tant elle a été riche. C'est malgré tout un parti pris intéressant. On suit la dramaturgie avec intérêt. Le graphisme est intéressant tout en laissant sa place au récit. Flore Balthazar nous propose ses dessins et la colorisation. On prend plaisir à suivre l'histoire et à tourner les pages. A lire.

Jean-Luc Cornette est né en 1966 en Belgique. Il étudfie à l'institut Saint Luc de Bruxelles et fait ses débuts chez Spirou avec une petite héroïne, Columbia. Il collabore avec L'École des Loisirs ou le Seuil Jeunesse. Il a travaillé également à l'adaptation du Fantôme des Canterville avec Christophe Hanze, l'autre complice de longue date. Le voici chez Delcourt.

Flore Balthazar est belge. On découvre plus particulièrement son travail depuis 5 années environ. Elle collabore avec Dupuis pour Miss Annie ou encore La Grande Vague. La voici dans un registre différent. Intéressant.

Frida Kahlo de Jean Luc Cornette et Flore Balthazar chez Delcourt.
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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 09:42
Interview de François Le Bescond Directeur Editorial  Adjoint chez Dargaud.

François Le Bescond est né le 30 avril 1964. Pendant ses études (licence et maîtrise d’économie à Lille puis DESS en communication et journalisme à l’université d’Aix/Marseille), il crée un fanzine de bande dessinée dans lequel des auteurs devenus professionnels ont été publiés (Tronchet, Lidwine, Danard, Joe Pinelli, Lefred-Thouron, Rémi, R. C. Wagner, etc). Cette aventure l’amène à participer à d’autres fanzines et revues dont Solaris (magazine de SF canadien), Les Cahiers de la bande dessinée, PLG, Strips (en Nouvelle Zélande), Yellow Submarine mais aussi à plusieurs sites Internet (dont BD Paradisio) pour lesquels il écrit des articles. Passionné par la peinture et les arts graphiques en général mais aussi par le scénario et les univers fantastiques, il s’oriente naturellement – après une courte expérience dans la publicité et la communication - vers la bande dessinée et intègre les éditions Dargaud à la fin des années 80, au service marketing. Dix ans plus tard il rejoint à plein temps l’équipe éditoriale (notamment aux côtés de Guy Vidal dont il fut l’adjoint), devient rédacteur en chef de La Lettre ("l'officiel de la BD") et est aujourd’hui directeur éditorial adjoint. Il est l’auteur du livre d’entretiens consacrés à Fred paru en mai 2013 sous le titre Un magnéto dans l’assiette de Fred.

Bonjour François Le Bescond. L’année 2014 vient de se finir. Sans vouloir trop revenir en arrière qu’en avez-vous retenu pour la Maison Dargaud ? Avez-vous été surpris par la réaction du public lors de la parution de certains de vos protégés ?

Cette année 2014 fut une année compliquée et enthousiasmante à la fois ! Compliquée car le marché évolue et réagit plus vite qu'auparavant et nous sommes obligés d’en tenir compte tout en ayant une vision à long terme. Enthousiasmante car, justement, on ne peut plus se reposer sur ses lauriers, il faut sans cesse se remettre en question et je suis persuadé que la clef vient avant tout de la qualité éditoriale. Il y a un bel exemple qui illustre cela, il s’agit des Vieux Fourneaux qui a connu un destin incroyable. Si nous étions convaincus de l’extrême qualité de ces deux albums et du talent et de la complémentarité évidente des auteurs, Wilfrid Lupano et Paul Cauuet, il n’était pas couru d'avance que l’histoire de ces vieux anarchistes touche un public aussi large ! Nous avons travaillé ce titre en amont auprès des libraires qui nous ont très rapidement suivis : l’emballement s’est fait beaucoup grâce à eux, le GLBD a même remis son prix du meilleur album au T.1 puis le buzz et le bouche à oreille ont fonctionné à merveille et, pour preuve, le prix du public a été remis, lors du dernier festival d’Angoulême, aux Vieux Fourneaux. Le résultat est bluffant et nous en sommes ravis, ça montre bien qu’une bande dessinée a priori pas si évidente mais d’une grande qualité peut toucher un large public.

Qu’est-ce que le lecteur va découvrir en 2015. ? On connait déjà Undertaker. Qu’allons-nous avoir à lire et à découvrir ?


Effectivement Undertaker démarre très fort et, de nouveau, il faut d’abord saluer la qualité du travail des auteurs, Ralph Meyer et Xavier Dorison. Il y aura bien sûr d’autres titres, difficile de tous les citer… Il y aura par exemple en ce qui concerne les tomes 1 ou one shot au premier semestre : le premier volume sans concession du Rapport de Brodeck par Manu Larcenet - une adaptation formidable du roman du même nom - mais aussi les biographies dessinées (ce que nous appelons ici les biographiques) de Sartre par Anaïs Depommier et Mathilde Ramadier, de Glenn Gould par Sandrine Revel, le réjouissant Amour exemplaire de Daniel Pennac et Florence Cestac, le nouvel album de Nicolas Debon au talent hors norme intitulé L’Essai, l’hilarant Guide Sublime de Fabrice Erre, A la recherche du mauvais père par Magali Le Huche et Gwendoline Raisson, le reportage dessiné au cœur de l’Elysée par Mathieu Sapin intitulé Le Château, le brillant roman graphique Nimona de l’Américaine Noëlle Stevenson, le début de la passionnante trilogie consacrée au juge Renaud par Olivier Berlion, le premier album de Sébastien Piquet sous le titre Père ou impairs qui met en scène un papa tendance geek, la série d’aventure plus sombre qu’elle n’y paraît intitulée Le Rédempteur par Miguel Lalor et Stephen Desberg, la série jeunesse Violette autour du monde par Teresa Radice et Stefano Turconi, le nouveau Paul Pope sous le titre L’Ascension d’Aurora West, le retour de Régis Hautière et Renaud Dillies avec Alvin… Bref un programme éditorial riche et excitant ! Et je ne vous parle que de la première partie de l’année et des nouveaux projets…

Interview de François Le Bescond Directeur Editorial  Adjoint chez Dargaud.

Il y a encore eu beaucoup de rééditions en 2014 avec son lot d’intégrales. Est-ce que c’est l’occasion de protéger les droits de l’éditeur ou est-ce l’envie de vouloir proposer à de nouveaux lecteurs et clients des éléments du patrimoine éditorial sous une forme différente ?


Pour une maison d’édition à l’histoire aussi ancienne que la notre, il est nécessaire de défendre notre fonds qui est nécessairement important. C’est pourquoi on poursuit ce travail avec les intégrales patrimoniales (Blueberry, Barbe Rouge, etc) qui permettent de défendre ces séries historiques qui font partie de notre ADN et qui n’ont que rarement une actualité. Ces intégrales patrimoniales peuvent effectivement toucher un nouveau public, d’ailleurs je conseille vivement à ceux qui ne connaissent pas encore Lauzier de relire l’intégrale Tranches de vie que nous avons édité à la fin de l’année 2014. Gérard Lauzier était un auteur étonnamment moderne : lorsqu’il a réalisé ces albums dans les années 70 avant faire du cinéma, il a porté un regard transgressif, incroyablement cynique et drôle. J’en discutais une fois avec Terreur Graphique qui avait aussi été frappé par le ton de Lauzier, par cette façon de parler de notre société à contre- courant des poncifs, c’est de la sociologie !

Comment se fait l’équilibre entre sorties de blockbusters comme Le Scorpion de Marini et Desberg ou Undertaker de Dorison et Meyer et des parutions destinées à un public-cible plus restreint ? Est-ce que Dargaud pourrait donner sa chance à des projets de niche s’il n’y avait ces locomotives ?

Comme toujours nous élaborons notre programme éditorial en tenant compte de ces équilibres complexes, si je puis dire. En général je n’aime pas opposer ce qui serait d’un côté une BD commerciale et de l’autre une BD de « niche » plus créative. Pour moi cette vision binaire et simpliste est un leurre, une bande dessinée qui rencontre un grand succès peut être fondamentalement originale voire novatrice, l’exemple des Vieux fourneaux nous le prouve de belle manière ! Mais ne faut pas se cacher que nous avons de la chance d’avoir plusieurs blockbusters (Blake & Mortimer en tête) qui nous permettent souvent d’éditer des séries a priori destinées à un public plus restreint.

Qu’avez-vous pensé de la réponse du public au reboot de Achille Talon de Serge Carrère et Fabcaro (24 000 exemplaires vendus je crois) ? Et savez-vous quel public à acheter le livre ?

Nous ne souhaitions pas faire une nouveauté Achille Talon de plus sans que cela ait un sens. C’est pourquoi on a pris notre temps avant de confier ce personnage que nous aimons (c’est un peu notre Gaston Lagaffe !) et qui fait partie de notre histoire à deux auteurs qui ont su trouver la bonne manière de conserver l’aspect désuet du personnage tout en introduisant un décalage en le confrontant au monde d’aujourd’hui, bref un reboot. J’ai proposé à Fabrice Caro avec qui j’avais eu la chance de travailler sur Z comme Don Diego et qui a sans doute signé l’un des albums les plus drôles de l’année 2013 (Carnet de Pérou paru chez Six Pieds sous terre !), il a tout de suite réagi. Il apprécie le personnage et, sachant qu’il avait la possibilité de le « bousculer » en y introduisant son humour décalé, il a dit banco. Serge Carrère a su aussi apporter sa touche graphique et les réactions ont été globalement très positives, notamment des médias. Certains lecteurs historiques de la série – à qui s’adresse d’abord Talon - ont sans doute été parfois déroutés, c’est clair, mais quand on relit le Talon de Greg, on s’aperçoit à quel point son créateur jouait déjà avec les codes et avait un humour mordant ! Sinon le chiffre que vous citez est quasiment celui du tirage, les ventes sont donc un peu moins élevées.

Interview de François Le Bescond Directeur Editorial  Adjoint chez Dargaud.

Est-ce qu’il est normal que le tome 35 de Boule et Bill soit dans le top 10 des ventes de Franco-belge avec 150 000 exemplaires vendus ?N'est-ce pas un peu tirer sur l'élastique et finir par lasser ?


La réponse est dans la question : c’est parfaitement normal puisque les lecteurs répondent présents et que le créateur, Jean Roba, souhaitait que ses personnages lui survivent. Il s’agit d’une œuvre trans-générationnelle par excellence, porteuse d’une certaine énergie positive qu’avait su insuffler Roba. Il ne faut pas oublier que l’adaptation en film, sortie en 2013, a dépassé les deux millions d’entrées et a séduit un public typiquement familial. Comment s’en plaindre ? Je tiens aussi à souligner le formidable travail graphique de Laurent Verron, qui fut justement l’assistant de Roba.

Vous avez sorti le très bon livre de Charlie Poppins «Le Strict Maximum ». Pourquoi cet ovni ? Qu’est-ce qui fait qu’à un moment on dit « On y va. On prend le risque économique et éditorial » ?


L’exemple du livre de Charlie Poppins, Le Strict Maximum, qui est sorti presqu’au même moment que la nouveauté Boule & Bill, résume une nouvelle fois la volonté de Dargaud de défendre son patrimoine historique (Achille Talon, Blueberry, Boule & Bill, etc) et d’éditer des auteurs qui vont toucher un public de niche auquel vous faisiez allusion. Ces deux extrêmes ne s’opposent pas, ils s’additionnent. La variété est une forme de richesse à partir du moment où il y a une cohérence éditoriale. Je pense toujours à René Goscinny qui était capable de publier dans Pilote Tanguy & Laverdure à côté de Reiser, Astérix à côté de Gébé, Blueberry à côté de Fred ou Druillet, Barbe Rouge à côté de F’murrr ou du regretté Cabu... C’était d’une extrême intelligence et il y avait une réelle cohérence, nous avons tant que possible toujours voulu perdurer cet état d’esprit dans lequel beaucoup d’auteurs se reconnaissent, j’en parlais il y a peu de temps avec Mathieu Lauffray qui est très réceptif au fait que Dargaud soit capable de défendre une série aussi ancienne que Barbe Rouge et soit capable d’imposer Long John Silver qui renouvelle un genre pourtant très codé. Cette coexistence prouve aussi une volonté d’ouverture : éditer le premier livre de dessin d’humour de Charlie Poppins qui est un inconnu dans le monde de la bande dessinée s’est fait de façon naturelle car nous adorions son humour et sa finesse qui font parfois penser à Voutch, Charles Addams, Sempé, Glen Baxter ou Gary Larson. Bref, cela avait un sens même s’il y avait un risque commercial mais le risque fait partie du métier, en permanence.

Est-ce qu’il arrive que « le Directeur Financier » qui doit forcément exister chez Dargaud après avoir consulté ses courbes de vente et de rentabilité vous appelle et vous dise « On ne refait pas ce style de publication la prochaine fois ». Il doit y avoir forcément un équilibre à trouver, non ?

Il y a bien un directeur financier comme dans toute société, un monsieur Boulier en quelque sorte ! Mais à aucun moment il n’intervient au niveau de l’éditorial, c’est aussi simple que ça. Ce sont les éditeurs qui discutent avec les auteurs, entres autres sujets, des aspects artistiques mais aussi financiers. Bien sûr que les éditeurs entendent et ressentent les interrogations de chacun et en premier lieu les auteurs ; ce n’est pas simple car nous sommes aussi confrontés à cette dimension commerciale et donc financière, surtout en cas d’échec cuisant, ça peut arriver ! Etre éditeur est un métier complexe, il y a beaucoup de paramètres qui se mélangent au quotidien qu’ils soient humains, artistiques, juridiques, marketing, commerciaux, financiers, etc. Il faut savoir trouver cet équilibre au milieu de tout ça ! Pour l’anecdote, même au plus fort des difficultés à la fin des années 90 quand Dargaud a perdu Astérix qui pesait la moitié de notre chiffre d’affaire, Claude de Saint-Vincent* a décidé de faire confiance à l’éditorial. Les éditeurs - à savoir Guy Vidal, Yves Schlirf et moi–même - avons pu travailler en ayant cette confiance malgré un contexte pour le moins difficile ! Claude ne s’est jamais opposé à un projet, c’est à ce moment-là que nous avons notamment lancé Le Scorpion, Blacksad ou Poisson–Pilote. Aujourd’hui Philippe Osterman** poursuit cette démarche en protégeant l’équipe éditoriale.

Quel est votre BD de l'année 2014 chez Dargaud ? Et ceux dont vous attendez la sortie en 2015 avec impatience ?


Impossible de ne citer qu’un titre et, pour ce qui est des projets pour 2015, en plus de ceux cités auparavant, je mentionnerais le premier volume savoureux de Stern par les frères Maffre, le one-shot d’Olivier Pont (DesSeins) qui revient à la bande dessinée 10 ans après Où le regard ne porte pas, le livre autour d’Isadora Duncan par Clément Oubrerie et Julie Birmant, le nouveau one-shot d’Alexandre Clérisse et Thierry Smoldoren (L’Eté Diabolik)… Et je ne parle cette fois que des nouveaux projets du second semestre, bien entendu, sinon la liste serait longue !

Est-ce que vous avez croisé le nouveau Hergé ou le nouveau Goscinny ces derniers temps ou devons-nous encore attendre ?

Ah ah ah !… Euh, joker…

Merci François Le Bescond pour vos réponses. Merci à Dargaud et à bientôt.

* : DG de Dargaud à ce moment-là et aujourd’hui DG du groupe Média-Participations
** : DG actuel de Dargaud et patron de l’éditorial

Interview de François Le Bescond Directeur Editorial  Adjoint chez Dargaud.
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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 07:55
Paroles de BD… René Goscinny.

«…En réalité je fais d'abord un synopsis, un résumé, mais qui est déjà une histoire longue et très détaillée et une fois que j'ai vu ça avec Uderzo, voir si tout est d'accord, je fais un découpage, nous appelons un découpage un scénario où on décrit image par image avec le dialogue, et c'est ce découpage que je donne à Uderzo qui à ce moment-là fait les dessins. Maintenant avant ça, il y a une chose très importante, c'est la documentation, parce que pour faire Astérix, nous nous documentons beaucoup, alors par exemple si je prends un sujet sur la Grèce, et bien je lis des tas de livres sur la Grèce, sur ce qui se passait à cette époque et Uderzo de son côté recherche des illustrations… ». Tiré d’une interview de mars 1968.

René Goscinny, né le 14 août 1926 à Paris et est mort le 5 novembre 1977. Il était écrivain, humoriste, et scénariste de Bande Dessinée. On lui doit Astérix, Iznogoud ou le Petit Nicolas. Il fût aussi un des rédacteurs en chef de Pilote. Il est l’un des auteurs français les plus lus au monde : l’ensemble de son œuvre serait d’environ 500 millions d’ouvrages vendus. Astérix est traduit dans 107 langues.

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19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 07:55
Les bonnes lectures d’Oncle Fumetti….Spécial Strange n° 4 de Collectif Marvel chez Lug.

« Il n’est point de mal à se faire du bien ». Je dis cela pour ceux de la Belle Epoque qui vont lire cette chronique, ce qui ne veut pas dire que les époques récentes ne le soient pas tout autant. En tout cas, les plus jeunes lecteurs peuvent se joindre à eux. Bref, cette sémantique navrante évacuée, il est temps d’évoquer ce magazine qui est paru de juillet 1975 à décembre 1996. Spécial Strange. C’est un avatar de Strange. Une filiale françaises des parutions Marvel qui permirent aux adolescents des années 70 à se familiariser avec les Comics US. Cette revue fût éditée au départ par les éditions LUG qui devinrent Semic en 1989. Cette parution fût trimestrielle pendant une dizaine d’années avant de devenir bimestrielle puis mensuelle à partir du numéro 100. A ses débuts elle était vendue 3 francs 50 ce qui donnerait 53 centimes d’euros. C’est évidemment une conversion fantaisiste quand on connait le prix actuel d’une baguette de pain. De nos jours, le prix a quelque peu progressé puisque les aficionados se les arrachent chez les bouquinistes à prix d’or. Il a été vu le numéro1 à 150 euros. Une folie. Oncle Fumetti a choisi l’album n° 4 qui reprend les aventures des héros US et les épisodes ci-dessous. Que des grands de chez Marvel.Bonne lecture.

Fantastic Four Special #5 - (11/1967)
Divide... And Conquer !

Stan Lee / Jack Kirby / Frank Giacoia

Marvel Team-Up #5 (11/1972)
Spider-Man And The Vision - A Passion Of The Mind !
Gerry Conway / Gil Kane / Mike Esposito

Marvel Team-Up #6 (01/1973)
Spider-Man And The Thing - ...As Those Who Will Not See !
Gerry Conway / Gil Kane / Mike Esposito

Marvel Two-In-One #6 (11/1974)
The Thing And Dr. Strange - Death-Song Of Destiny !
Steve Gerber / George Tuska / Mike Esposito

Les bonnes lectures d’Oncle Fumetti….Spécial Strange n° 4 de Collectif Marvel chez Lug.
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17 février 2015 2 17 /02 /février /2015 07:55
Nude – L'autobiographie d'une actrice de film X de Mihiro et Makoto Ojiro chez Glénat.

Le synopsis de Glénat :

«Depuis toute petite, Hiromi Yamase rêve d’être sous les feux des projecteurs. Lorsqu’un dénicheur de talent lui propose un travail de mannequin dans la photo érotique, elle y voit une chance inespérée d’accomplir son rêve et se lance dans cette nouvelle voie où elle rencontre un succès inattendu la menant à des jobs de plus en plus osés. Cependant, sa carrière naissante se heurte bientôt à l’incompréhension de ses proches et met en péril sa vie tranquille. Hiromi est bien déterminée à suivre sa propre voie, mais à quel prix ? »

En voilà une histoire !!!!. Le Vieil Oncle qui lit un manga en cachette. Pas croyable. Pourtant pas trop manga même si c'est un grand fan de Dreamland de Reno Lemaire. Ce coups-ci c'est un porno.En plus !!! Vous avez bien lu un manga pornographique. Ne demandez pas si c'est un Seinen ou autre chose. Pas caler le Vieux vous dis-je mais il s'est laissé prendre par le récit. Pas les dessins aussi. C'est paru initialement au Japon chez Kôdansha. C'est le récit autobiographique d'une actrice connue au Pays des Samouraïs. C'est 396 pages et quelles jolies pages. Le dessin est bien joli... Bon on vous le fait sérieux. Ce n'est pas que par la pornographie que l'on peut s'intéresser à cet album. Le dessin est sérieux. C'est même assez joli. Bon c'est signé manga. Physionomie connue. Grands Yeux, petites bouches, visages au trait androgyne. La narration est adaptée. Les scènes ne sont pas censurées mais le pénis a une forme...Adaptée pour faire genre mais pas trop détaillé non plus. C'est bien ainsi. L'actrice est charmante donc cela ajoute à l'attrait de la dramaturgie. On passe un bon moment. On va pas non plus être hypocrite. Une jolie découverte. Pas sûr que cela soit pour le petit dernier de la famille mais les autres peuvent. Enfin s'ils ont moins de 16 ans. Il y a la pastille. C'est sorti.

Mihiro ou Yamase Hiromi est née au Japon en 1982. Elle est actrice, chanteuse, une personnalité du monde des médias mais aussi une actrice de vidéos pour adulte. Elle est très connue dans son pays.

Makoto Ojiro est une mangaka connue dans son pays, le Japon qui en compte peu. Son dessin qui illustre sur cet album qui comporte ses scènes de tournages osées, est assez complet. La mangaka développe un trait fin et vif, avec un design qui colle bien aux personnages. Un atout essentiel dans ce travail.

Nude – L'autobiographie d'une actrice de film X de Mihiro et Makoto Ojiro chez Glénat.
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15 février 2015 7 15 /02 /février /2015 07:55

Allez c'est dimanche on se fait un petit plaisir....Jijé et Giraud se confrontent au dessin en présence de Forest et Pratt. Deux artistes majeurs du 9ème Art. Un moment de plaisir extrême.

Merci à l'INA pour ce travail de conservation des images.

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