Antoine Ozanam sort aujourd'hui son nouvel album «Gueule Noire » avec au dessin Lelis. C'est chez Casternam. Il a accepté de répondre à Oncle Fumetti...
Encore beaucoup de sorties pour toi en cette rentrée littéraire...Klaw, Temudjin et donc Gueule Noire le 9 septembre. Cela ressemble un peu à ton début d'année 2014 avec « L'Ombre blanche » et « Succombe qui doit »... D'où vient cette boulimie dans l'écriture ?
C'est toujours la même histoire : le hasard des sorties. Gueule noire, par exemple, est terminé depuis deux ans pour moi. Lelis a d'ailleurs terminé l'album l'année dernière. Peut-être que je suis vraiment atteint de boulimie (j'en doute) mais les sorties ne sont pas l'image des titres que j'ai écrit l'année dernière. Après, vu le nombre de titres que je sors par an, je me dis que je suis qu'une grosse feignasse. J'aimerais tellement trouver le temps d'en écrire plus.
Carrion, Jurion ou Lelis pour ce projet, au delà du fait que ce sont des dessinateurs qu'est ce qui lient ces artistes qui collaborent avec toi ?
Le premier lien, c'est qu'ils ont un univers graphique reconnaissable. Une vraie personnalité. Personne d'autre ne fait ce que Lelis dessine. C'est très important pour moi. Ça nourrit mon imaginaire. Ils correspondent aussi à une envie différente que j'ai en moi. Ils ne sont pas interchangeables. Quand j'écris pour Antoine Carrion, je connais ses forces et ses faiblesses. Je suis sûr que le même scénario fait par Lelis ou Jurion serait moins bien. Et vice versa.
Si on rajoute que ces trois livres sont publiés par trois éditeurs différents (Maghen, Casterman et Le Lombard) on croit comprendre que tu aimes l'éclectisme non ?
Au départ, je rêvais (ça m'arrive encore) d'être un « auteur maison ». Ce qui a bien failli être le cas avec Casterman pendant un temps. C'est un peu une idée de vieux. Mais si les deux parties jouent le jeu, ça permet d'aller plus vite, plus simplement et de façon plus approfondie. Je dis pas que l'éditeur doit tout accepter mais il doit être un interlocuteur privilégié. Il se doit de répondre vite et de façon non bâclée. De son coté l'auteur envoie en avant première toute sa production... Et l'un et l'autre se parlent de leurs envies respectives. Par exemple, l'éditeur annonce qu'il ouvre telle collection pour que l'auteur lui propose un truc... Bon, c'est assez difficile à faire en ce moment. Si j'étais un gros vendeur, ça serait plus facile... en plus il faut une sacré confiance de part et d'autre. Donc, pour l'instant, je vais là où on croit en mon projet. Car un éditeur quel qu'il soit ne peut pas vendre bien n'importe quel projet. Encore une fois, ils ont tous des forces et des faiblesses. Il faut donc bien choisir son éditeur et pas seulement sur l'argent qu'il propose mais sur sa capacité à bien vendre le livre. Et là, le premier point, c'est qu'il aime vraiment le projet.
Parle nous de « Gueule Noire » ? Pourquoi ce projet ? Pourquoi ce thème ?
Gueule noire regroupe plusieurs thèmes que je voulais aborder. À l'époque (il y a 8 ans), il n'y avait pas de BD sur la mine. Et vivant dans le nord, je baignais dans une culture propice. Un jour, en travaillant à la médiathèque de Roubaix, je suis tombé sur une revue spécialisée sur la mine. Dedans, il y était question d'une grève au début du 20ème siècle. Du coup, j'ai emprunté plusieurs numéros... Puis, je suis rentré en contact avec un ancien mineur... En allant le voir, je lisais Le voleur de Georges Darien... Il a vu le bouquin et nous avons parlé d'une de ses grand-oncles qui avait fuit le Nord, espérant faire fortune à Paris. Là bas, il s'était trouvé une conscience politique. Et lors d'une manifestation, il avait rencontré le sabre d'un dragon.
Donc hop, j'ai commencé à écrire une histoire de mineurs, de condition sociale et d'anarchie...
Est-ce une commande d'éditeur ou une idée de toi ?
Non, uniquement de moi. Je réponds que très rarement à la commande. Et surtout parce qu'on me propose que très peu de chose. Et encore moins d'intéressantes...
Lelis est brésilien. Comment s'est faite la rencontre ? Comment travaille cet artiste peu connu en France ? Qu'est ce qui caractérise son style ?