C'est aujourd'hui Lionel Arnaud Directeur Marketing de Glénat qui dresse le bilan de l'année qui finit et qui nous donne quelques perspectives pour l'année 2013 qui s'annonce.
Quelles ont été les sorties majeures de l'année 2012 pour votre société ?
2012 a été une très grande année pour le groupe Glénat avec les sorties de blockbusters très attendus comme le nouveau Titeuf qui sera la meilleure vente de l’année suivi de près par le tome 6 de Lou!. Nous avons aussi une belle rafale de suites de séries à succès comme « Il Etait une Fois en France », « Julius », « le Grand Mort » et « Conquistador ». L’année a été également marquée par l’arrivée au catalogue Glénat de Bouncer, et le lancement de deux nouvelles collections thématiques : « Explora » autour des grands explorateurs méconnus et « Plein Gaz » autour des courses automobiles ‘vintage’. Par ailleurs, le travail patrimonial autour des grands auteurs Disney a porté ses fruit et est une belle réussite en librairie, avec comme apothéose la sortie récente de « La Grande Epopée de Picsou » par Don Rosa. Enfin, le manga continu d’être un pilier très fort de notre catalogue avec le succès fulgurant de One Piece et l’explosion de Chi une vie de Chat.
Quel aura été le niveau des ventes en nombre
d'ouvrages en 2012 chez Glénat ? Est-ce une stagnation par rapport aux années précédentes ? Quelles sont les parts de marché de Glénat en 2012 sur le marché national ? Comment se situe Glénat par
rapport à la concurrence ?
Glénat aura vendu en 2012 plus de de 6 millions d’exemplaires de BDs et mangas, uniquement en France ! Un record qui nous permet d’atteindre une part de marché de plus de 17%. Plus important encore, nous serons le seul, parmi les gros éditeurs à connaitre une progression dans un marché difficile, puisque la très grande majorité de nos concurrents voient leurs ventes ralentir, voire chuter assez fortement. Cette performance nous place en 2ndposition sur le marché, et surtout nous permet de réduire l’écart qui nous sépare du conglomérat Dargaud-Dupuis-Lombard.
Au-delà de Glénat que retenez-vous de l'année BD 2012 ?
2012 a confirmé que le marché se complexifie de plus en plus : la crise économique lancinante depuis 4 ans a désormais un effet important sur les ventes de BDs, car beaucoup de lecteurs « occasionnels », qui achetaient auparavant quelques BDs de temps en temps, ont fortement restreints voire stoppés leurs achats pour maîtriser leurs dépenses.
Un second phénomène est à l’œuvre et rend la croissance du marché difficile : la concentration toujours grande des ventes autour des grosses séries déjà connues, puisque le top 20 des séries les plus vendues pèsent 40% des ventes totales, et même plus pour le segment des BD Jeunesse. Nous continuons néanmoins à proposer de nouvelles séries et des BDs originales aux lecteurs, pour que de nouveaux héros émergent et prennent le relais.
2012 a aussi marqué aussi les premiers véritables pas vers un marché de la BD numérique : les conditions d’émergence d’une demande solvable s’installent avec d’une part l’explosion des ventes de tablettes numériques et la multiplication des acteurs d’importance. D’autre part, les éditeurs sont en ordre de marche pour faire face à la révolution numérique et construisent une offre de plus en plus séduisante. Reste à trouver l’étincelle créative qui fera décoller cette niche et permettra de rattraper notamment les lecteurs occasionnels. Le numérique reste en effet encore pour le moment plus un laboratoire qu’un véritable marché.
Quelles sont les perspectives 2013 pour Glénat dans le contexte de morosité économique ?
Nous essayons de lutter contre la surproduction qui déstabilise les lecteurs, en réduisant le nombre de nos nouvelles parutions. Le maître-mot reste néanmoins celui de la diversité : faire moins de titres ne signifie pas que l’on restreint la palette créative. Le groupe Glénat est très attaché à la construction d’une offre variée et de qualité, et nous serons donc présents sur tous les genres et avec une vision artistique très ouverte.
Quelles seront vos sorties majeures prévues en 2013 tout au long de l'année
?
Je me focaliserai sur le premier semestre uniquement, pour lequel nous avons une bonne visibilité.
L’année va débuter en fanfare avec la nouvelle série de Fabien Nury : « Silas Corey », une BD d’aventure avec un grand A, qui met en scène un héros charismatique mais ambivalent. Les lecteurs auront la chance d’avoir 2 tomes à 3 mois d’intervalles et une premier cycle complet à la clé. Dans un registre grand public aussi grand public, nous lancerons une nouvelle grande saga familiale, comme Glénat sait les concocter : « les Montefiore », récit qui va dévoiler les dessous parfois peu reluisants de la mode et de la haute-couture. Pour un type de lecteurs totalement différent, nous allons proposer l’adaptation en BD de l’œuvre majeure de Michael Moorcock : « Elric », un héros sombre et torturé, qui est l’une des figures tutélaires de l’Heroic Fantasy, aux côtés du Seigneur des Anneaux et de Conan. Michael Moorcock a tellement été impressionné par le travail scénaristique et graphique, qu’il nous fera l’honneur d’une préface ! Nous n’oublierons pas d’avoir une pointe d’humour avec le grand retour de la série Ratafia et ses jeux de mots potaches. L’éclectisme sera bien entendu au programme avec, entre autres, une nouvelle série manga autour du rock (Woodstock), le roman graphique le plus copieux de l’année (Terra Australis et ses 512 pages), et un grand nombre de nouvelles séries prometteuses. Parmi elles, une nouvelle grande série-concept : « Les Mystères de la République », qui va dévoiler les coulisses du pouvoir à différentes périodes et avec un angle très polar. Les lecteurs pourront se régaler dès la parution avec 3 tomes simultanément. Le 2ndsemestre réservera aussi de très belles surprises, mais je vous propose de découvrir le menu complet un peu plus tard.
Merci Lionel Arnaud pour cette interview à Oncle Fumetti et pour le temps que vous nous avez consacré. Bonnes Fêtes à Glénat et à vous-mêmes et à bientôt.