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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 15:31

En cette fin d'année, Oncle Fumetti a souhaité donner la parole aux Marketeurs des Maisons d'éditions. Jean Philippe Thivet le Directeur Marketing de Casterman a accepté de répondre à nos questions. Voici son bilan de 2012 et les perspectives 2013...Pour Casterman.

 

Casterman-Logo.jpeg

 

Bonjour Jean Philippe Thivet. Merci d'accepter de répondre à Oncle Fumetti. Que retenez vous artistiquement de l'année 2012 pour Casterman ?


Le marketeur essaye souvent de ne pas juger la valeur artistique d'un livre : ce qu'il préfère (c'est mon cas), c'est de voir qu'un livre atteint ou dépasse son potentiel commercial. Je  citerai ici les livres d'auteurs d'auteurs qui débutent, ce qui n'est vraiment pas facile en ce moment, et qui constituent des réussites commerciales et critiques.  Des premiers livres que nous avons réussi à amener à leur potentiel , nous en sommes fier ! Je pense notamment à En silence de Audrey Spiry ou à Egon Schiele de Xavier Coste. Ce sont des livres qui ont été vendus entre 5 et 10 000 exemplaires. C'est une fierté ! 

  

Quelles ont été les sorties majeures de l'année 2012 pour votre société ?

 

C'est toujours difficile de faire un tri ! Je  voudrais prendre quelques exemple, que je classerais en quatre grandes familles. Pour commencer , les livres des grands auteurs  de notre catalogue. En premier lieu Le Chat de Geluck, parce que c'est Le Chat, parce que c'est un  rendez vous incontournable et qui touche un large public (plus de 200 000 exemplaires sont vendus avant la fin de l'année).  Je citerais évidemment  Stalag 2B de Tardi. C'était un livre pas forcément évident à  proposer, mais qui va vite dépasser les 100 000 exemplaires  : le public a compris à quel point c'est un livre majeur dans l'oeuvre de Tardi : c'est un livre très personnel pour lui, sûrement un de ses plus grands livres.  Comment ne pas citer La Douce de François Schuiten , un livre de surcroit innovant , et pour lequel nous avons développé avec Dassault Systèmes un prolongement en réalité augmentée et en réalité virtuelle.  Et bien sûr Olympe de Gouges, un magnifique portrait de femme  de José Louis Bocquet et Catel , très ambitieux, Alger la noire de Jacques Ferrandez ou Furari de Jirô Taniguchi.

 

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Dans la famille Série, je vous parlerais volontiers d'Alix Sénator. C'était un pari osé. Nous sommes toujours très respectueux du travail de Jacques Martin, et ses ayant-droits ont été consultés  pour ce projet impulser par Valérie Mangin et Denis Bajram. C'est une prise de risque de faire vieillir un personnage récurrent et de modifier son apparence, mais au final, le livre s'articule bien avec la série d'origine. Troisième catégorie, les découvertes. Dans cette catégorie je placerais les albums que j'ai déjà évoqué ; le Egon Schiele et En Silence. Ce sont des prises de risque  avec de jeunes auteurs. Il y a également L'épouvantail de Cotte et Stromboni.C'est une adaptation d'un livre de Ronald Hugh Morrieson, un auteur Néo-zélandais , dans notre très belle collection Rivages / Casterman / Noir, de même que pour conclure,  le très beau Les amis de Pancho Vila de James Carlos Blake et Léonardo Chemineau. Mais j'en oublie certainement ! 

 

Quelles sont les perspectives 2013 pour Casterman dans le contexte de morosité économique ?

 

On subit un peu le contexte économique, très morose. Toutefois, le livre a beaucoup d'atouts. C'est tout d'abord un marché d'offre : on suscite l'envie. De plus, le livre et c'est flagrant dans cette période de fêtes, est un cadeau évident. On achète encore beaucoup de livres pour les offrir et c'est le cas de la Bande Dessinée.  Enfin, un éditeur comme Casterman travaille sur le long terme. Si on a une ligne éditoriale claire et un public fidèle, on souffre moins de la  conjoncture.

Ma principale inquiétude est de voir beaucoup de libraires souffir de la crise.  Ils sont un maillon essentiel, que nous soutenons à chaque fois que c'est possible.  Notre diffuseur, Flammarion, a ainsi mis en oeuvre une politique commerciale dynamique dans cet objectif. 

 

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Est-ce que les libraires souffrent de l'émergence du numérique et est-ce que le numérique est un adversaire du livre ?

 

Je ne pense pas que le numérique supplantera le livre-papier, je crois que plutôt que le numérique est aujourd'hui une offre complémentaire. Le lecteur s'approprie le livre en tant qu'objet. Il y a une vraie valeur d'appropriation dans le livre. Il y a un caractère patrimonial dans cette appropriation. Il constitue même certainement une opportunité : celle de recruter de nouveaux lecteurs de bande dessinée, certainement parmi les plus jeunes, très habitués à la lecture sur tous les types d'écran. 

 

Quels sont les best-sellers de 2012 chez Casterman ?

 

Vous serez peut être surpris en apprenant que Tintin reste une série qui se vend encore très bien.  C'est tout simplement, pour la deuxième année consécutive, la meilleure vente de série du marché de la bande dessinée ! Les nouvelles générations s'emparent de cette série "patrimoniale". Lorsqu'une famille « éclate » les livres restent chez les parents et les enfants devenus adultes les rachètent pour eux, pour leurs nouveaux foyers. Le film de Spielberg de l'année dernière a été aussi prescripteur du livre. La jeune génération a découvert ou redécouvert Tintin et a acheté  les albums.

 

Comment se situe Casterman par rapport à ses concurrents ?


Casterman accroît ses parts de marché. La situation a été difficile, il y a une dizaine d'années. Mais nous sommes de nouveau sur la bonne voie depuis quelques années. La situation s'est d'abord stabilisée et depuis trois années cela va très bien.

 

Quelles seront les sorties en 2013 ?

 

Je peux d'ores et déjà vous annoncer quelques sorties...Un nouveau livre de Geluck. Un Bilal qui s'appellera la couleur de l'air. Lastman de Balak, Sanlaville et Bastien Vives en mars dans la collection KSTR. Uropa de Bernard Islaire qui a rejoint Casterman. Universal War 2 de Bajram qui nous a rejoint également. Une série appelée Whaligoë de Yann et Virginie Augustin.  Et il y aura d'autres grosses suprises !  


Enfin quel est l'album 2012 paru chez Casterman qui vous aura marqué en tant que Directeur Marketing ?

 

C'est une très bonne question...Je retiens à titre personnel Les derniers jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik et Guillaume Sorel. C'est un album qui a été très bien reçu par le public. Il a été également bien reçu par la critique.  Et pourtant, le pari était osé ! Il a été réussi, parce que les auteurs ont dépassé la simple adaptation d'un magnifique roman, pour créer une oeuvre complètement nouvelle, autour d'un très beau sujet. C'était à la fois très difficile et très risqué. Cela tient à de l'alchimie.

 

 

Merci beaucoup Jean Philippe Thivet de nous avoir donné de votre temps. A bientôt et Bonnes Fêtes de fin d'année à vous et à Casterman.

 

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