Il est difficile de savoir qui fut le premier dessinateur de bande dessinée. Qui commença ? Dans quel pays ? Dans quelle
civilisation furent publiées ou diffusées les premières histoires racontées par des images et des textes voire des phylactères ? Voilà un sujet qui ne modifiera pas de manière substantielle
l’histoire de l’Humanité mais pourquoi ne pas chercher…
Pour ce qui me
concerne, je place Wilhelm Busch comme étant un des pionniers. Il naquit en 1832 à Wiedensahl en Allemagne et mourut en 1908. C’était un dessinateur mais aussi un poète. Je dirais que son
« art » consistait à raconter des histoires burlesques en y incluant une morale à la fin du récit. Bien entendu le format n’était pas celui de nos bandes dessinées et il n’y avait pas
nos phylactères habituels mais bien des textes pour éclairer le lecteur.
Il
eut un succès fantastique avec « Max und Moritz ». Deux galopins qui terrorisaient leur entourage par leurs farces cruelles. Ils furent copiés notamment par Pim, Pam, Poum de
l’américain Rudolph Diks..Bibi Fricotin fut peut être un disciple également avec son camarade Razibus. Ils sont depuis entrés de plein pied dans le
folklore allemand. Ils sont encore très lus et publiés chez nos voisins d’Outre-Rhin. Wilhelm Busch eut une œuvre très riche avec d’autres livres. A titre personnel, je retiens « Fipps der
Affe » qui berça une partie de mon enfance.
La maison d'éditions Bamboo dans sa collection Grand Angle a choisi de faire une place dans son catalogue à une fraction de la bande dessinée qui devient un vecteur d'informations et de
rappels de l'Histoire.
Elle a confié à Laurent Galandon pour le scénario et à Viviane Nicaise pour le dessin, le soin de nous raconter le génocide arménien. L'histoire nous est narrée au travers des découvertes et des
interrogations d'un jeune violoniste turc Hamset Erdem qui se fait raconter cet épisode terrible de l' Histoire de l' Humanité par un vieil homme arménien. Le deuxième tome est sorti le 9 de
ce mois. Il n'est pas dans tous les bacs .Il faut donc se le procurer. Il s'intitule "Dernière mesure".
Il est temps parfois de passer de la bande dessinée ludique à une bande dessinée plus sérieuse. Le génocide arménien est un sujet qui nous concerne tous.
Depuis quelques temps, je voyais sur les présentoirs de mon libraire un livre singulier. On y voyait un personnage étrange qui chevauchait un cheval blanc coiffé d‘un très long chapeau
haute de forme. Ce livre m’attirait. Le nom sur le livre m’attirait également….Algernon Woodcock…Un bien mystérieux nom. En plus je découvre que c'est le 6ème tome. Était il possible que
j’ai pu rater un personnage tel que celui-là et ne pas lire ses aventures ?
C’est un monde très sympathique que nous invitent à partager Matthieu Gallié et Guillaume Sorel, le premier pour le scénario et le deuxième pour les dessins et les couleurs chez
Delcourt. Personnellement j’aime beaucoup. Laissez vous porter dans un monde différent.
Cette série que je me mis à lire avec envie compte les aventures de ce fameux Algernon. Il passe du monde des humains au monde des fées à une vitesse si rare. Il nous entraîne dans des
aventures toujours plus étranges et des énigmes passionnantes dans le cadre si fabuleux des îles d’Arran.
J’ai parcouru et lu cette semaine l’intégrale de Helldorado chez Casterman. Ce livre est très agréable à regarder. Le dessin est hyper réaliste et les couleurs sont douces. Le scénario
concocté par Messieurs Morvan et Dragan est excellent…Rempli d’actions, de suspense. Pour les amateurs d’Aztèques, d’Incas et plus généralement de cette époque vous vous régalerez. Il y a de
magnifiques guerriers-animaux dans ces civilisations, on le sait si on a lu Jéronaton, et ils sont excellemment bien rendus.
Je vous livre ci-dessous le synopsis de cette œuvre :
«L'’île qui donne son titre à la série est en plein océan atlantique. Elle est inconnue des géographes d’aujourd’hui. À l’époque dont il est question — le milieu du XVIIe siècle
—, deux communautés humaines s’y affrontent avec violence : les Indiens natifs de l’île (les Syyanas) et les conquistadors espagnols installés sur place plus récemment, à la faveur de leurs
voyages de plus en plus nombreux vers le Nouveau Monde. Parmi les enjeux de cette confrontation armée, une mystérieuse maladie, très virulente, qu’il faut absolument contenir à l’intérieur des
frontières naturelles de l’île, sous peine de mettre en danger toute l’humanité. Personne ne doit quitter les lieux. Dès lors, l’île va devenir un microcosme du choc frontal de deux civilisations
que tout — mœurs, religion, attitudes, morale — oppose radicalement.»
Pour en finir, on passe un vrai bon moment en compagnie de ce joli livre.
Alexander Gillespie Raymond est un dessinateur américain né en 1909. Il fut appelé Alex Raymond tout au long de sa carrière. Son père l’encourage très jeune à s’intéresser au
dessin. Il se révèle être doué. C’est en 1934 qu’il créé le personnage de Flash Gordon. Il s’agit de concurrencer Buck Rogers autre héros de science fiction de l’époque. Flash devint le plus
fameux des deux. Il créée également d’autres personnages dont Jim Jungle et l’agent secret X9.
Durant la second guerre mondiale il est mobilisé et se retrouve sur le théâtre d’opération du Pacifique. Il est démobilisé en 1946.
Il est un artiste d’une renommée extrêmement importante aux Etats Unis. Il influence son époque et il est comparé à un Jules Verne moderne compte tenu de la richesse des mondes et des inventions
qu’il créée pour et autour de son héros. George Lucas déclara que l’œuvre d’Alex Raymond influença son écriture du scénario de Star Wars. Il décède en 1956.
Flash Gordon, aidé du professeur Hans Zarkov et de Dale Arden, doit sauver la Terre de l'invasion des troupes de l'Empereur Ming en provenance de la planète Mongo. L'empereur étant un tyran cruel
et sanguinaire, il pourra compter sur des alliés au sein de l'empire….
Ce personnage est connu en France sous le nom de Guy L’Eclair. Il parut dans le Journal Robinson puis dans Donald et enfin dans le journal de Mickey. Il fut publié par plusieurs maisons
d’édition dont Slatkine, Futuropolis, Serg ainsi que Soleil. Il connut de nombreuses adaptations à la télévision ainsi qu’au cinéma. La bande originale d’un des films fut composée par le groupe
Queen.
A une époque qui voit Marco Mancassola se préoccupe de la vie sexuelle des super-héros, Xavier Dorison et Enrique Breccia nous narre une uchronie. En effet, ils nous racontent que
pendant la Grande Guerre les états majors français autant qu'allemand auraient préparé en grand secret une nouvelle race de soldats....Des Super-héros.
La série "Les sentinelles" est donc le prétexte à mélanger fiction et réalité au travers des aventures de ces héros et de leurs ennemis si particulier. Les personnages sont typés et attachants.
On prend plaisir à lire leurs aventures. Enfin ces livres sont très réalistes dans leurs contenus historiques, indépendamment des personnages romanesques.
Enrique Breccia nous livre des dessins fins aux couleurs limpides et douces..Il y a une filiation avec Gibrat ou Giraud chez ce dessinateur. Xavier Dorison sait raconter une histoire. Les deux
font la paire. Je peux écrire qu'un duo est né. Ils en sont toutefois au troisième opus. Je vous les présente ci-dessous :
Xavier Dorison nait en 1972. Après trois ans en école de commerce, où il monte le Festival BD des Grandes Ecoles. Il débute la série Le Troisième Testament en 1997 chez Glénat, avec le
dessinateur Alex Alice, et connaît son premier succès. En 2000, il publie une série fantastique, Prophet, aux Humanoïdes associés avec Mathieu Lauffray. En 2003, il co-écrit WEST avec Fabien Nury
chez Dargaud, et signe avec ce même complice en 2006 le scénario du film Les Brigades du Tigre. En 2007, il entame une nouvelle série, Long John Silver pour Dargaud. Ses albums sont marqués par
les livres de Stephen King, Michael Crichton et Jean Van Hamme.
Enrique Breccia est né en 1945 à Buenos Aires en Argentine. Il est le fils d’un dessinateur argentin très réputé en son pays. Il a travaillé avec les célèbres Maisons Marvel et DC. Il a collaboré
à la parution d’un livre sur Lovecraft. Il travaille donc en France sur la série «Les Sentinelles» mais vit à New York.
En tous les cas, risquez vous sur ce terrain...C'est excellent. A lire et à relire.
Harold Rudolf Foster est né à Halifax en 1892 en Nouvelle Ecosse. Il fut surnommé Hal. C’est d’abord un illustrateur. Il commence d’ailleurs par travailler sur le Tarzan de Edgar
Rice Burroughs. Son trait précis et puissant le fait rapidement apprécier. Pourtant se contenter de représenter le travail des autres ne lui convient pas. Il entreprend de dessiner ses propres
personnages.
Il lui vient alors l’idée de créer Prince Vaillant. Il le propose à un patron de presse qui enthousiaste le publie quotidiennement dans ses journaux en «comic strip». Le succès est immédiat. Il
dessine alors ce personnage emblématique pendant de nombreuses années. Prince Vaillant est un jeune prince viking de la terre de Thulé qui rejoint les Chevaliers de la Table Ronde et se mêlant à
la société de cette époque vit de nombreuses aventures romanesques autant que viriles.
Hal Foster le dessine pendant 34 ans de 1937 à 1971. Il se retire petit à petit en se contentant de scénariser les aventures jusqu‘en 1980. Il mourut en 1982. Il reçut de nombreuses distinctions
et notamment le très fameux Eisner Award en 1996 à titre posthume. Le personnage de Prince Vaillant connut un succès planétaire puisqu’il fut traduit dans de nombreuses langues et fut diffusé
dans de nombreux pays. Des maisons d’éditions le publièrent dans les années 80 sous forme d’intégrales notamment les éditeurs Slatkine et Futuropolis pour ce qui est du marché français.
Ce personnage fut également adapté au cinéma (sous les traits de Robert Wagner notamment) et fut l'objet de dessins animés.
Il est, à notre époque, un peu passé de mode. C’est assez dommage.
Lorsque vous êtes fan de BD il y a deux façons de pratiquer…On peut se contenter d’acquérir les valeurs sûres «Les bankable». Pour cela il suffit de faire confiance à son libraire, grand ou petit. La deuxième façon est de partir en «chasse» et les Salons sont parfaits pour cela.
Aujourd’hui au Salon du Livre de Paris, j’ai mis la main sur une petite merveille «Les Peuples oubliés» de Lilian Coquillaud pour le dessin et la couleur et de Julien Berteaux pour le scénario. Le tout est publié par Paquet. Je vous place ci-dessous le synopsis de l’éditeur…Cela gagne du temps.
«1913: Théophile Lansier, aviateur parti explorer la péninsule arabique, est recueilli par d’étranges femmes dans une cité oubliée gouvernée par la Reine de Saba. Il doit accepter un étrange marché: sa liberté contre la promesse d’aller chercher dans les ruines d’Angkor une mystérieuse carte qui protégera les habitantes de Saba contre la menace des guerriers Atlantes. Il sera accompagné dans sa mission par la belle et énigmatique princesse Sâada.»
Les deux auteurs sont de parfaits inconnus du grand public. L’éditeur est connu mais n’entre pas dans le «Big Four»…Il faut aller les chercher mais une fois trouvés c’est un régal. Cette bande dessinée est charmante. Le fameux Théophile est plein de philosophie. Les dessins sont très originaux. Lilian Coquillaud a du style…Et les couleurs, Mesdames et Messieurs, les couleurs sont fabuleuses et rendent merveilleusement bien le désert et le Temple d’Angkor où se déroule pour une grande partie l’action.
Bref…faites comme vous pouvez mais dénichez ce livre. C’est une pépite..Pour ce qui me concerne j’ai eu le plaisir de rencontrer les auteurs, de parler avec eux et Lilian m'a fait un dessin…C’est cela aussi le plaisir des Salons.
Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire sur un livre sorti en 2006. Il s’agit d’une adaptation du livre de Carlo Collodi. Cette énième version est l’œuvre du dessinateur italien Ausonia.
Elle est parue chez la vénérable Maison Pavesio. Il s’agit de «Pinocchio, histoire d’un enfant».
Avant tout je préviens cette version n’est pas à mettre entre toutes les mains. Dans cet ouvrage, Gepetto n’est plus un menuisier mais un boucher. Pinocchio n’est plus de bois mais de
viande…Et il ne dit que la vérité. Tout y est radicalisé. C’est une BD pour adulte.
Comme dans la version originale il s’agit de narrer le parcours d’un enfant dans la vie. Un parcours initiaque. Simplement dans ce livre tout est plus glauque, plus irrespirable. Il faut donc
être prévenu et accepter ce parti pris. Sur la quatrième de couverture, Ausonia nous inscrit« et si la fable de la marionnette qui ment était en elle-même un mensonge ? En la relisant à
l’envers on y trouve un message qui pousse à la révolte»…Au final ce livre est magnifique, violent, philosophique. Les dessins sont pointus. On aimera ou on détestera…Hey !!!! Oncle Fumetti
aimeeeeeuh.