Hugues Labiano vient de publier avec Stephen Desberg « Le lion de Judah » chez Dargaud. Oncle Fumetti a voulu en savoir plus… Une ITW vite faite mais bien faite.
Qui êtes- vous Hugues Labiano ? Présentez- vous ?Je suis professionnel depuis trente ans et ai publié aux Humanoïdes Associés, Glénat, le Lombard et depuis plus de vingt ans maintenant exclusivement chez Dargaud.
Comment êtes-vous venu à ce mode d’expression ? Pourquoi la BD ? D’une manière spontanée. Sortant d’un milieu modeste et pas vraiment tourné vers l’Art, c’est certainement la découverte des journaux Spirou et Tintin (dès mon plus jeune âge) qui a été le déclic.
Pourquoi ces collaborations récurrentes avec Stephen Desberg ? D’où vient cette collaboration soutenue ?J’ai eu la chance d’être « repéré » et approché dès mes débuts par de grands scénaristes, Jean Dufaux fut le premier ("Dixie Road"), puis Serge Le Tendre et Rodolphe ("Mister George ») et depuis une quinzaine d’années, je travaille exclusivement avec Stephen Desberg. Nous nous entendons bien, aimons pratiquer le même type de récit et les résultats, en terme de ventes, ont toujours été bons. On ne change pas facilement une équipe qui gagne.
Parlez-nous du livre « Le lion de Judah » qui est paru chez Dargaud. Pourquoi ce sujet ? Est-ce qu’un dessinateur est d’abord le traducteur des idées du scénariste ? C’est moi qui ai instillé l’idée d’un récit d’Aventure au début du 20ème siècle. Nos échanges ont été nombreux et s’il est le Maître d’oeuvre de l’histoire et le garant de l’écriture, je reste très impliqué sur le fond malgré tout. Comme toujours d’ailleurs.
Auriez-vous fait le même livre avec un autre ? Qu’est ce qui rend spécifique la collaboration avec Stephen Desberg ? Il faut toujours se couler dans l’univers de l’autre, quoi qu’il arrive. Et c’est valable pour les deux, bien sûr. Je ne travaille qu’avec des gens que j’apprécie de toute manière mais chacun a sa spécificité. Il faut pratiquer l’échange, disons, plutôt que le statu quo.
Est-ce qu’un tel livre dont l’action se déroule à une autre époque, dans un univers très éloigné du nôtre nécessite un gros travail de recherche ? Bien sûr, mais il y a internet aujourd’hui. Cela facilite les choses. De mon côté, j’ai toujours couru les bouquinistes pour trouver des livres à l’iconographie abondante et inspirante. Et puis, cela fait partie du travail de dessinateur.
Quel est votre mode de fonctionnement pendant une période de travail ? Vous vous isolez en mode «ermite» ou vous restez connecté, branché sur le monde ? Je pratique l’immersion totale. Je lis et vois des films liés à mon sujet et qui peuvent m’inspirer. Comme tout dessinateur, je suis plutôt un ermite ou une fourmi, mais les festivals permettent de lâcher les chevaux et d’avoir mon shoot d’amour et de paillettes. Cela rééquilibre.
Etes-vous plutôt mine de plomb ou Photoshop ? Tout est traditionnel chez moi, concernant la technique. Pour le reste…
Quels sont vos modèles dans la BD ? Qui sont vos inspirateurs tous azimuts ? Je n’ai pas d’idole absolue. Je n’en ai jamais eu. Mais après des débuts plutôt tournés vers l’oeuvre de gens comme André Juillard et Vittorio Giardino (plutôt ligne claire, quoi), je suis étrangement aujourd’hui plus attiré par les Maîtres du N et B que sont Pratt, Caniff, Sickles et par-dessus tout le grand Alex Toth. J’admire aussi l’argentin Jorge Zaffino, disparu depuis un moment.
Quels sont vos projets futurs ?Je finis cette première histoire en trois tomes du "Lion de Judah » et je réaliserai ensuite un polar noir totalement baroque avec Philippe Pelaez. Ce sera un one-shot et il sera publié par Glénat.
Merci Hugues Labiano pour ce moment et à bientôt.
Crédit photo : Dargaud