Bonjour Antoine Ozanam, meilleurs vœux pour 2014. Alors...Première sortie dès le début 2014. Toujours aussi généreux. Cela tient à quoi cette prodigalité dans la création ?
Il y a deux nouveautés en janvier effectivement. Mais bizarrement, pour moi, c'est comme si ces parutions rattrapaient le retard. Car L'ombre blanche T2 été prévu en septembre et Succombe qui doit est terminé depuis 6 mois... Ceci dit, j'essaie de ne pas faire attention à ça. Mon boulot (et mon plaisir), c'est d'écrire des histoires... La date de parution, c'est important mais je laisse les éditeurs juger du moment opportun pour sortir les albums...
Cette fois-ci c'est pour « Succombe qui doit » chez KSTR. Pourquoi ce label ? Le hasard d'une collaboration ou le choix d'une typologie ?
C'est toujours un peu la même chose : j'aime voir l'intérêt dans l'oeil de l'éditeur. Je vais donc là où je vois l'envie. Il n'y a pas pire que de s'apercevoir que l'éditeur ne croit pas dans ce que vous êtes en train de faire. Pour le cas présent, je savais que Didier Borg (le directeur de collection de KSTR) aimait le boulot de Rica... Et comme les gens avec qui nous avions travaillé chez Glénat pour E dans l'eaune trouvaient pas l'intérêt dans le nouveau projet, nous avons proposé Succombe qui doità KSTR.
Parle nous de ce livre et de sa genèse. De quoi cela parle ? En quoi c'est différent de ce que tu as déjà écrit ?
Succombe qui doitest un polar... ou plutôt une histoire noire puisqu'il n'y a pas vraiment de flics... Après avoir terminé E dans l'eau, Rica et moi avions envie de bosser de nouveau ensemble. Approfondir le polar nous a semblé une bonne idée. Et comme c'est un genre où je me sens bien... Après, effectivement, j'espère que c'est différent. Déjà, Rica a tenu que l'histoire se passe en France. Et on ne raconte pas les mêmes histoires en changeant de pays... De mon coté, j'avais envie d'un huit-clos... J'ai donc mis en place un « après braquage » qui s'est mal passé. Et j'ai regardé ce qui pourrait se passer.
C'est direct, cru, très marqué en terme de colorisation. Why ? Warum ? Pourquoi ?
Oui, l'idée de départ était d'être le plus cash possible. Pas de voix off, pas de narration alambiquée. Et tant qu'à faire de la bd en couleur, pourquoi ne pas l'utiliser d'un point de vu narratif ? J'adore le boulot de Rica en noir et blanc. Ça me botterait bien de faire une histoire avec lui que en noir et blanc. Mais comme il ne fait rien à moitié, sa colorisation fait partie de l'ensemble. Ce n'est pas fait pour faire joli. La couleur doit raconter quelque chose. Soit une atmosphère, soit signifier un flash-back, ou autre chose.
On connait pas encore bien Rica. Vous avez déjà travaillé ensemble. Pourquoi recommencer ?
Juste parce que c'est l'un des meilleurs dessinateurs sur la place ! Ce type a un talent fou. Au dessin (ça se voit) mais aussi en terme de narration. Il amène des idées qui améliorent le récit. Il suffit de lire son album Minusqu'il a réalisé seul. C'est un type avec une vraie personnalité. Et en plus, c'est un mec bien. Comme le courant passe bien entre nous, je ne vois pas pourquoi on continuerait pas...
Le graphisme de cet album est de la même veine que « E dans l'eau ». Pourquoi ce parti pris artistique ? Il y a une continuité non ?
Rica fait parti des auteurs dont on repère le trait (même si les lecteurs vont découvrir d'autres facettes de son talent dans les magasines AAARGet La Revue Dessinée). Donc, il garde sa personnalité sur SQD ! Et puis, c'est encore du polar...
Si j'osais je dirais que Andy Warhol aurait aimé. Il y a du Pop Art là-dedans. Je suis à côté de la plaque ?
Ha ! Ha ! Je ne sais pas. Si on considère que Warhol aimait le Velvet, ça me va.
Comment passe-t-on de Klaw à ce livre en passant par Temudjin ? Le besoin de se renouveler ?
Ce n'est pas programmé ! En fait, j'aime sauter d'un projet à l'autre dans la même journée. C'est plus facile quand on « sèche » sur un projet d'aller se divertir sur un autre. Alors tant qu'à faire mieux vaut changer d'univers. Et pis, c'est l'avantage d'être scénariste ! On peut tout se permettre.
Tu ne dessines plus ? Quand reprends tu ? Est-ce parce que tu trouves plus de plaisir dans l'écriture ?
Oui, je trouve mon équilibre dans l'écriture. Je dessine que pour moi maintenant. Et c'est tant mieux car j'ai toujours trop stressé au dessin. D'abord parce que je ne me trouvais pas au niveau et aussi parce que j'avais trop d'idées d'histoires pendant que j'essayais de faire une pauvre page. Faut dire 3 semaines pour dessiner une page, valait mieux que j'ai des idées !
Tu vas de « Hotel Noir » à ce livre. Il y a toujours un souci d'originalité artistique. Une aversion pour les codes ?Une peur de la routine ou de lasser ?
Je ne vois pas ça comme ça. Disons que j'aime les fortes personnalités. Quand le caractère de la personne transpire à travers son trait. Donc, j'aime bien que le dessin ne soit pas interchangeable. Il influence l’histoire (autant que l'histoire doit influencer le dessin). Pour les codes, j'aime l'idée de jouer avec. De temps en temps, c'est aussi très sympa de les respecter... Plus j'avance et plus je crois qu'il faut être libre de se laisser porter par le sujet. Si c'est une bonne histoire, il n'y a rien à craindre. Elle trouvera le moyen d'exister. Mais oui, je ne vois pas l'intérêt d'écrire mille fois la même histoire... avec le même dessin.
Dis c'est quoi la suite ? Tu nous annonces quoi ?
Dans les tuyaux, il y a un autre polar, Burn out, avec Mikkel Sommer, un dessinateur de folie. C'est pile poil le genre d’artiste avec qui j'ai envie d'écrire une centaine d'histoires. C'est pour avril chez KSTR. Il y a aussi le nouveau projet avec Kieran qui est publié dans la revue Aaarg !, The golden boy. C'est toute la folie qu'on avait mis dans Elwood(l'histoire qui était dans le Doggybags 2) mais en mieux ! Il devrait aussi y avoir un nouvel épisode de Klawet une ou deux surprises pour 2014.
Là, je suis sur la suite de Temudjinet la fin du nouveau projet de Lelis, Gueule Noire. Ça sera pour 2015. Après, je prépare des trucs pour 2015, 2016. Des chouettes choses dont je peux pas parler ! Ha ! Ha ! Mais ceux qui disent que je publie beaucoup vont devoir revoir la signification de cette phrase (je plaisante).
Merci beaucoup Antoine pour toutes ces réponses et cette avalanche de nouvelles. Nous voilà en attente jusqu'à 2016...Mazette !!