Bonjour Mathieu avec un seul T. Même si on peut lire des éléments sur toi sur internet on te connaît encore peu. Qui es-tu ? D'où viens tu ?
Je suis un Grenoblois de 26 ans, passionné de voyages, de cinéma, de jeux vidéos... et forcément un peu de BD! Je suis comme beaucoup d'auteurs tombé dedans quand j'étais petit, et ça m'a forcément influencé un peu dans mon choix de carrière.!
Comment en vient-on à écrire des scénarios et à dessiner pour la bande dessinée ? Est-ce que une vocation ?
Le dessin est une vocation oui, clairement. Dessiner des BD, c'était un rêve de gosse, et j'ai plus ou moins suivit depuis mon enfance cet objectif d'un jour pouvoir en faire mon métier. Écrire des scénarios c'est arrivé plus tard, au début presque par nécessité ( vivre de la bande dessinée en étant seulement dessinateur est plus compliqué, c'est donc une question qu'on se pose au sortir des études). Mais finalement, même si pour cette partie je tâtonne encore beaucoup, ça me paraît évident aujourd'hui que je ne pourrais pas faire l'un sans l'autre.
Que préfères tu faire ? écrire et dessiner ?
Je prends pour l'instant un plaisir égal à faire les deux, mais de plus en plus je me rend compte que ce qui m'importe, c'est raconter des histoires. C'est l'essence même de la BD en même temps!
Quels sont tes thèmes de scénarios préférés ?
Souvent les histoires que j'écris vont tourner autour de mes questionnements du moment, qui même s'ils évoluent ont toujours des bases bien enracinées. J'aime parler de la destinée humaine, de son rapport à la mort, aux souvenirs etc... J'aime ensuite contextualiser ces thèmes dans un univers qui me plais: la science-fiction, la mythologie grecque, j'aimerais essayer tous les styles !
Qu’est ce qui te permet d’élaborer des scénarios ? Comment travailles tu ? Comment trouves-tu tes sujets ? Quel est ton rythme de travail ?
Comme tout le monde j'imagine, mes scénarios émergent tout d'abord d'une simple idée, ou d'une scène en particulier. C'est par la suite une certaine somme d'autres petites idées qui viennent se greffer à cet embryon initial qui me permettent tout doucement de créer une histoire avec un début, un milieu et une fin. Je ne me contraint pas à écrire, j'attends souvent que les idées jaillissent d'elles même ( j'ai toujours un carnet de note sur moi ). Pour le rythme de travail il est assez intense, je me fixe comme objectif de réaliser une planche complète ( dessin et couleur ) en deux jours ( les journées sont longues ! ), de tel sorte à pouvoir sortir des albums à la pagination plus importante que la moyenne de manière régulières.
Préfères tu les séries ou les « one shots » ? Qu'est ce que détermine la longueur d'une œuvre ?
Les one shots définitivement. Ou des diptyques/triptyques. En tout cas pas les séries au long cours, avec un album par an. Je trouve ce système vieillissant, et trop frustrant pour le lecteur.
Comment travailles-tu ? es tu crayon de bois ou tablette numérique ?
Je suis crayon de bois pour le dessin. Je dessine et j'encre d'ailleurs au crayon HB. Je n'arrive pas à avoir un encrage assez souple pour utiliser de l'encre...
La couleur est faite à l'informatique, avec des jeux de textures pour avoir un effet aquarelle.
Mais le tout numérique ne me fait pas peur, je fais des essais de temps en temps mais c'est tout un réapprentissage à faire, et pour l'instant je galère trop pour être aussi efficace qu'au crayon. Ça viendra peut être un jour, ça peut tellement faire gagner de temps .
Ton nouveau travail est un dyptique. Pourquoi 2 albums ? Cela tient au scénario ou est-ce une volonté de se limiter
Au départ ce devait être un one shot de 140 pages, tout comme la belle mort. Ce n'est pas de ma volonté si ça prend au final la forme d'un diptyque. C'est une volonté de l'éditeur. Avec le recul, même si ça me dérange toujours un peu, psychologiquement c'est plus facile de voir la moitié de son travail publié pendant qu'on est en train de faire la suite. Ça motive!
Préfères tu travailler seul et pourquoi ?
Seul oui, tout simplement parce que j'éprouve un plaisir égal à dessiner et à raconter, et que je ne me vois pas faire seulement « la moitié » du travail. Il faut aussi avouer que j'aurais du mal à déléguer la moindre étape de création d'une planche. C'est mon côté je veux tout faire moi même!
Tu as sorti déjà "La Belle Mort" Parle nous de ce projet précédent.
C'est tout simplement mon tout premier projet professionnel, ma toute première BD et la tout première fois que j'écrivais une histoire. Il m'a permis véritablement d'appréhender le métier d'auteur de BD dans sa globalité. J'y ai mis mes inspirations du moments pour les vieux films d'horreur et la série B, mais aussi les thèmes qui me sont chers : la place de l'humain dans le monde etc... En résulte une histoire de survie de trois hommes sur fond d'invasion extra-terrestre, qui est ici propice à se poser des questions quand à la destinée humaine.
Quels sont tes maîtres dans ton domaine ? Qui t’a inspiré ? Dans les dessinateurs ou dans les scénaristes.
Mes grands maitres sont Mike Mignola pour sa narration et ses compositions d'images incroyables, Katsuhiro Otomo pour la grand claque dans la gueule que j'ai pris en lisant Akira, Enrico Marini pour ses couleurs hallucinantes, et pleins d'autres! Mais mes influences se trouvent aussi dans le cinéma, l'animation et le jeux vidéo.
Si tu devais emmener 5 BD sur une île déserte lesquelles prendrais tu ?
Arf c'est dur ! Je dirais 5 albums très différents qui représenteraient différents aspects que j'aime dans la bd, et qui m'ont fortement influencés : un tome d'Hellboy, Saigon-Hanoï de Cosey, Nausicaa de Myasaki, Akira bien-sur, et un picsou magazine avec une histoire de Don Rosa dedans!
Quels sont tes projets à venir ?
J'aime explorer différents genres, donc pour la prochaine BD, ce sera de la science fiction! De l'espace, des vaisseaux spatiaux! Une histoire en deux ou trois tomes, que je devrai pouvoir commencer cet été.
Merci Mathieu pour tes réponses et plein de succès pour la sortie aujourd' hui de Adrastée chez Ankama. A bientôt.