Bonjour Ignacio Noé. Vous n'êtes pas encore assez connu du grand public. Présentez vous. Qui êtes-vous ? D'où venez vous ? Pourquoi êtes vous venu à la Bande Dessinée ?
Je suis un créateur de bandes dessinées et un illustrateur argentin. En 1988, j'ai commencé en même temps à faire des illustrations pour la couverture du magazine de bandes dessinées argentin Fierro et des bandes dessinées pour El Protector comic pour Lancio Story (Italie) sur un scénario de Ricardo Barreiro . J'ai fait plusieurs bandes dessinées érotiques , la première a été écrite par Barreiro et les autres par moi. Depuis le début, je travaille sur les deux domaines, mais ces deux dernières années je passe plus de temps à faire de la bande dessinée.
Vous avez travaillé en Argentine, en Italie, en Espagne et enfin en France. Comment vivez vous les différences artistiques entre ces pays ? Où vous sentez-vous le mieux artistiquement ?
J'ai commencé à faire de la bande dessinée dans laquelle l'histoire est divisée par chapitre pour les publier dans un magazine, dans un premier temps Lansio puis dans Comic Art et Kiss Comix. Je me sens mieux sur le marché français pour y préparer un livre. C'est plus stable et solide pour y développer un scénario. Les livres sont aussi plus beaux, plus précieusement imprimés.
L'Argentine est un pays riche en dessinateurs de talent depuis longtemps ; Breccia père et fils, Carlo Meglia, José Munoz, Carlos Trillo...Vous et bien d'autres. Comment expliquez vous cette excellence argentine ? Peut-on parler d'école argentine ?
Dans les années 50 et 60, il y avait un marché éditorial solide en Argentine dans lequel de nombreux artistes ont pu travailler et ils ont été en mesure de s'y accomplir comme artistes. Il y avait aussi un artiste européen présent ; Hugo Pratt . Cela a créé une passerelle entre l'Argentine et le marché européen quand le premier s'est réduit. Je pense que nous pouvons parler d' un style argentin, si nous pensons à Breccia , Munoz et Nine. Nous pouvons y trouver une caractéristique commune comme l'emploi du clair-obscur et une ligne expressionniste marquée.
Parlez vous de « Douce Tiède et Parfumée ». D'où vient cette œuvre ? Pourquoi un tryptique ?
Le début de l'histoire se déroule à Londres, où Ally, le personnage principal découvre qu'elle a une sœur et qu'il est impératif de la trouver . Elle doit chercher en Amérique, d'abord à Ushuaïa , puis au Paraguay, après la guerre de la Triple Alliance. L 'histoire se temine à Buenos Aires. J'ai fait un tryptique parce que c'est le bon support et parce que je me suis familiarisé avec ce mode lors de la conception de Helldorado.
Comment créée-t-on ce style d'histoire ? Où avez-vous trouvé l'inspiration ?
J'ai toujours été attiré par l' époque Victorienne. J'aime l'ère technologique de la machine à vapeur et le développement scientifique de cette période. Cet âge est familier et loin en même temps. Il est mystérieux et un peu mélancolique. Nous reconnaissons quelque chose de perdu en elle. Je voulais montrer une histoire d'amour dans ce monde, mais le sujet principal de l'histoire n'est pas le monde, c'est la Femme, comme dans toutes mes bandes dessinées érotiques .
Pourquoi avoir choisi cet univers onirique et fantastique ? Cette histoire sera-t-elle publiée en Argentine ?
Je voulais quelque chose d'irréel et une histoire d'amour forte et interdite entre Ally et Juan. L'onirisme me permet de montrer des images belles et fortes. J'aime les niveaux différents de l'univers de cette bande dessinée où vous trouverez des rêves, certains faits historiques qui semblent imaginaires, et certains événements fantastiques qui se produisent dans l'histoire .
Ce travail ne paraîtra pas en Argentine. Pourtant j'aimerais vraiment que dans quelque temps, il puisse être traduit en espagnol.
Comment passe-t-on de Helldorado chez Casterman à ce travail si particulier ?
J'ai fait le scénario de sept livres érotiques et je voulais faire une bande dessinée de fiction non érotique. J'ai beaucoup travailler dans un support numérique. J'ai fait Helldorado sur Painter 9 ; croquis, dessins et couleurs. J'ai fait les bulles et textes sur Photoshop. J'avais senti ce besoin de changement . J'avais fait beaucoup d'illustrations et une bande dessinée pour enfants ;Julian King sur un scénario de Carlos Trillo à l'aquarelle. Je voulais utiliser cette technique sur une nouvelle bande dessinée. C'est de cette façon que c'est matérialisé D , T & P.
Comment travaillez vous ? A quel rythme ? Avec quels outils ?
Je commence chaque livre par un bref texte d'une page et je fais un storyboard rapide par page. Après j'ouvre une page dans Photoshop, je positionne les bulles et je dessine des croquis très très simples. Quand j'ai les 46 pages, je commence à améliorer le texte et le discours des images . Quand j'ai fini le texte, je sais ce que je dois dessiner dans chaque trame. J'ouvre les pages dans Corel Painter 12 et j'améliore les dessins. Puis j'imprime chaque page et je les copie avec une table lumineuse, sur un papier pour aquarelle Fabriano Disegno 5. Je finis le dessin au crayon graphite. Je peins le tout à l'aquarelle. Puis je scanne chaque page et je mets les bulles et le texte en français dans Photoshop. J'essaie de ne pas faire de correction numérique sur les pages scannées .
Quels sont vos idoles dans le métier ? Ou les artistes actuels qui vous impressionnent ?
Il y en a beaucoup. J'ai découvert les bandes dessinées pour adultes dans le magazine de bandes dessinées de Fierro. J'ai découvert Moebius, Tardi, Liverattore, Serpieri, Boucq, Muñoz et Breccia , mais l'artiste qui m'impressionne le plus est Carlos Nine. En ce moment, je suis très impressionné par Riccardo Federici et Otto Schmidt .
Vous avez un troisième tome à publier et après ? Quel est votre futur artistique ?
Oui , je travaille dans le tome 3, le dernier qui paraîtra l'année prochaine. Dans le futur, je vais travailler avec Jean David Morvan . En ce moment, nous définissons un nouveau projet pour Paquet. Je suis très excité à l'idée de ces deux projets.
Merci beaucoup Ignacio Noé pour vos réponses et à bientôt avec Oncle Fumetti.