Éric Losfeld est un éditeur belge, né le 8 mars 1922 à Mouscron. On lui attribue la création de pas moins de trois maisons d’éditions : en 1951, les éditions Arcanes, en 1955, les éditions « Le Terrain Vague »[], qui est aussi le nom de sa librairie ; ouverte d'abord rue du Cherche-Midi, puis transférée en 1967 au 14-16 de la rue de Verneuil, elle devient un lieu de rencontres intellectuelles intenses. Par la suite, vint Éric Losfeld éditeur structure très connue des aficionados de la BD des années 70. C’est cette dernière qui nous intéresse nous lecteurs du 9ème Art.
Il est un précurseur. Il publiera des textes considérés par les juges comme « obscènes ». Il faut se rappeler qu’avant mai 68 ; la censure et la pression sociétale sont puissantes. Assigné en justice de nombreuses fois, il est un des éditeurs français de l'après-guerre qui tenta de sortir l' érotisme de son carcan juridique restrictif. La fameuse «Loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse » est souvent opposée aux créateurs qui veulent sortir des œuvres « différentes ». Il compta au nombre des signataires du Manisfeste des 121.
Dès 1965, il publia des albums de BD avant-gardistes. Il ouvre à un public adulte un genre qui s'adressait jusque-là surtout à la jeunesse en éditant notamment Barbarella (photo1 )de Jean Claude Forest, qui inspira le film homonyme de Roger Vadim avec Jane Fonda déjà évoqué dans ce blog. Il publia également Kes aventures de Jodelle et Pravda la Survireuse (photo 2) de Guy Peellaert, Epoxy de Paul Cuvelier et Jean Van Hamme la Saga de Xam de Nicolas Devil, la version française de Les Aventures de Phhoebe Zeit-Geist de Michael O'Donogue et Frank Springer, ainsi que le premier album de Philippe Druillet : Lone Sloane, le mystère des abîmes. Elles feront l’objet d’articles ultérieurement dans ce blog.
Certaines de ces œuvres ne sont plus lues et ne sont pas passées à la postérité. Elles ne sont pas republiées. Elles sont pour certaines surannées. Pourtant elles auront permis de faire exploser la « chape de plomb » qui pesait sur la création artistique de cette époque et elles furent sans aucun doute à la base des créations qui apparurent par la suite sans parler des périodiques qui contribuèrent également à briser les codes et saper le dictat de la bien-pensance des 30 glorieuses, comme Métal Hurlant notamment. Elles sont inspirantes et elles libèrent les jeunes créateurs de l’époque. Elles proposaient autre chose.
À la mort de Losfeld le 18 novembre 1979 à Paris, son épouse et sa fille, Joëlle, tentèrent de continuer à faire vivre le fonds des Éditions Le Terrain Vague. Dans les années 1990, avec la collection "Arcanes", Joëlle Losfeld réédite en partie le catalogue de son père. Les Éditions Joëlle Losfeld sont aujourd'hui rattachées au groupe Gallimard en tant que collection
Il est inhumé à Paris dans le cimetière des Batignolles (9e division).